Bon, je sais que je suis pas super sympa avec vous en ce moment. Je n’ai pas fait de « vrai » article depuis un mois. Alors comme ce blog n’a pas vocation à devenir une plateforme d’échange de vidéos, mais que c’est bel et bien censé parler de moi (et surtout de moi), je vais vous raconter un peu ce qui se passe chez Gaugau en ce moment.
Fin décembre, je suis rentré passer les vacances dans le sud, avec en ligne de mire une démission et un déménagement.
La vie à Paris ne me convenait pas. C’est le moins qu’on puisse dire d’ailleurs. Tous les trois jours, j’avais une nouvelle idée à la con « je vais aire des remplacements dans l’académie de Toulouse » ou « je vais travailler à Darty à côté de chez mes parents », et puis « je vais devenir steewart », et enfin « et si je partais faire manœuvre agricole dans le Cantal ? ».
Bref, quand je commence à pondre des idées comme ça, c’est que ça va pas bien du tout.Je suis revenu à Paris avec une énorme déprime. Je me suis rendu compte que mes parents n’étaient pas prêt à supporter une énième de mes idées à la con. En même temps je peux pas leur en vouloir, ils me supporte depuis 28 ans, fallait bien qu’ils me disent non un jour !
Alors il fait quoi le Gaugau ? Il se saoule comme jamais le soir du réveillon. Le réveil fut difficile vu qu’on m’avait cassé la gueule pour me voler mon portable et mon cash (120 euros, ce qui représente une fortune pour moi en ce moment).
Arrivé à Paris, je m’enferme dans mon appart, avec la ferme intention de n’en sortir que pour bosser. Surtout que, histoire d’en rajouter une couche, j’ai appris pendant mes vacances, que mon voisin qui devait déménager le 2 janvier, ne part plus. Donc je suis bloqué au-dessus de ce fou pour une durée indéterminée.
Le lundi, je vais au lycée. J’avais annoncé mon intention de partir à la fin du mois de janvier avant de partir en vacances. A mon arrivée, je tombe sur mon remplaçant. M’auraient-ils prévenus ? Non, penses-tu. Je fais la liaison et je me casse. Je n’ai même pas pu dire au revoir à mes élèves.
Je suis resté très digne dans le bureau de la directrice quand elle m’a fait son discours « je peux pas me permettre d’avoir quelqu’un qui peut me lâcher dans mon équipe, donc je vous ai remplacé ».
Une fois le coin de la rue passée, j’ai éclaté en sanglot.
Je suis resté en position fœtale sur mon lit pendant 24h. le mardi, je me dis « bon mon coc, tu as deux options, tu reste là à te morfondre jusqu’à ce que ton père vienne te déménager de force, ou tu te sors les doigts, une bonne fois pour toute ! ».
J’ai pris mon téléphone, j’ai fait tous mes contacts, même ceux que je ne pensais jamais rappeler.
Trois jours après, j’étais dans un collège de la banlieue nord de Paris. Le rectorat ne m’a donné aucune indication, je ne savais pas où j’allais tomber. Une fois dans le hall du collège, je comprends pourquoi ils me proposent à moi un poste de si longue durée (jusqu’à la fin de l’année normalement). Il y a un palmier dans le hall !
Pourquoi un palmier dans le hall d’un collège peut me filer la trouille ? Et bien tout simplement parce que plus le collège est beau, neuf, suréquipé, plus c’est une ZEP. Et j’avais raison d’avoir peur. C’est une vraie ZEP du nord de Paris. Avec tout ce qu’on peut imaginer dedans (sauf des profs heureux !).
Depuis trois semaines maintenant, je suis donc en charge de classes plus difficiles les unes que les autres. J’ai quand même une préférence pour la troisième insertion. C’est quoi donc que tu te demandes lecteur ? Ben les 3 i (jargon professionnel), c’est des gamins déscolarisé, violents ou tout simplement limité intellectuellement, qui ont donc un niveau de CM2 (et encore pour les meilleurs d’entre eux).
Aujourd’hui pour te donner une idée, j’ai dû faire intervenir une CPE, deux surveillants et le PP de la classe pour les calmer. Je ne pouvais rien faire. J’ai failli foutre ma main dans la gueule d’une gamine de 14 ans qui avait atteint un niveau d’insolence qu’on ne pense voir que dans les films.
Tu as vu La journée de la jupe ?
Ben c’est mon quotidien…
Je devrais déprimer, vouloir mourir, me barrer dans le Cantal (ce qui revient à mourir pour moi), mais non, finalement j’y trouve presque du bon là dedans. Alors soyons clairs que je ne passerais pas ma vie à faire ça. Mais je dois quand même avoir une vocation cachée là-dedans parce que j’arrive à aimer ce que je fais.
Je me sens super utile, pas dans la façon « de toute façon je ne peux que leur faire du bien tellement ils sont cons », mais plutôt « j’enseigne et je suis pas si mauvais que ça ».
Voilà, la vie du Gaugau vite fait. Je ne vous parle pas de mes problèmes de fric, non, Haïti à coté de mon compte en banque, c’est Monaco. Je ne vous parle pas de ma vie sentimentale, Sœur Emmanuelle aurait eu plus de prétendants que moi.
Si je suis vivant, je te referai un point route dans pas longtemps ami lecteur, trice et autre.
Ps : ce soir, je bois ! Na…