Que j’ai honte, que j’ai honte, que j’ai honte…
Franchement, ce n’est pas que j’ai pas le temps d’écrire, non c’est que je n’y pense même plus en fin de compte. Je suis dans ma petite vie bien rythmée « métro-boulot-dodo », et je vous délaisse comme pas permis.
Bon du coup en un article je vais tenter de vous raconter 15 jours de ma vie. Ya du taff, prenez un café, une clope, et installez vous confortablement, c’est parti Ginette !
Déjà, je sais plus où j’en étais… (check l’historique des publications) je vous ai raconté mon anniversaire, et depuis plus rien, ok donc on raccroche les wagons !
Le lendemain de ma soirée d'anniversaire, je suis allé dans une banlieue de type Desperate Housewives pour une soirée électro. Le décalage entre la pelouse tondue à 5,2 cm, les rosiers assortis, et un groupe de teufeurs complètement def’ sur fond de minimale est assez saisissant…
J’adore !
Lundi, le téléphone sonne. Je suis encore collé à mon traversin par mon week-end de fol’ail, il est midi, je commence à 14h30, j’ai le temps. Je réponds au tel :
- Bonjour Monsieur Gauthier, Mademoiselle Tartampion, c’est moi qui vous remplace, je vous appelle pour voir avec vous où vous en êtes !
- Mais de quoi elle me parle ? (je vous ai dit que j’étais encore déf’ ? ^^)
- … Je vous remplace à partir de ce matin, le rectorat m’a prévenu jeudi dernier !
- Vous avez de la chance, parce que moi personne ne m’a appelé !
Effectivement, suite à coup de pute magistral de la part de l’administration je me suis retrouvé remplacé du jour au lendemain. Personne n’a jugé bon de me prévenir. Bref, ce lundi, je suis donc d’une humeur particulièrement joyeuse !
J’ai quand même passé tout mon jeudi et tout mon vendredi à bosser pour préparer des interros et des cours. L’administration savait depuis le début de la semaine que je ne garderais pas ces classes et ils ne m’ont rien dit, de peur sûrement que je refuse de faire le lien le temps que le « vrai prof » arrive.
De colère, je n’ai pas corrigé les devoirs que j’avais fait passé. C’est pas sympa pour la fille qui prend la suite, mais j’en avais un peu ras-le-bol de bosser à l’œil. Parce qu’entre les vacances de Pâques et le week-end de mon anniversaire, j’ai bossé 6 jours complets et j’ai été payé 8h de cours. Cherchez l’erreur…
J’appelle ensuite le rectorat pour leur vomir dans le slip. Je me suis ravisé, puisqu’ils m’ont trouvé un autre poste. En fait, ils m’avaient trouvé un autre poste depuis une semaine (depuis que j’avais officiellement perdu l’autre), mais personne n’a jugé bon de me prévenir…
Et encore quand je dis « mais vous pouviez pas m’appeler ? », je me suis fait répondre « comme si on avait que ça à faire ! ». Je dream in blue…
Bref, j’ai donc récupéré un autre poste, dans un autre collège, toujours pas loin de chez moi, jusqu’à la fin de l’année. Mais cette fois je suis sûr de pas dépasser les 200h et de ne pas être contractualisé. Tant pis pour mes vacances d’été, il me reste un mois pour trouver un travail…
Le côté sympa avec ce nouveau collège c’est que je remplace quelqu’un qui est parti en stage, donc les gosses ne sont pas sans prof depuis un mois, il n’y a pas des tas de copies à corriger, par contre ils sont grave en retard dans le programme…
Le deuxième effet kisscool, c’est que je suis tombé dans la vraie banlieue chic, avec des gosses supers, polis, gentils et disciplinés. Tant et si bien que le premier jour avec une de mes classes, je leur ai demandé si s’était normal qu’ils ne bavardent pas !
Ben quoi, on fini par se dire que c’est la normalité de se faire insulter par les élèves et d’être la cible des boulettes de papiers !
Bref, donc j’ai radicalement changé d’univers.
Le truc drôle c’est que j’ai gardé ma façon de faire cours plus zep. Je m’explique. Les gosses que j’avais avant ne m’écoutaient pas, à un point tel que pour les accrocher à ce que je faisais je me suis mis à leur parler comme eux. Et quand je dis comme eux, c’est que je suis limite grossier quand je raconte une histoire. Et oui, je raconte des histoires pour qu’ils écoutent et retiennent quelque chose du cours.
Je suis prof depuis très peu de temps, mais cette façon de faire cours marche plutôt bien avec les classes difficiles !
Changement de décors donc avec le nouveau collège, moi j’ai gardé mes habitudes. Je me suis donc retrouvé à dire à des petits 6ème (dont la moitié sont scouts) que « les Grecs avaient foutus une branlée aux Perses ! ».
Oui, bon, ça m’a échappé…
Bizarrement, les parents d’élèves ont appelé la direction pour dire « le nouveau prof d’histoire insulte ma fille ». Déjà j’insulte pas ta fille connasse (là par contre je t’insulte, tu vois la différence ?), ensuite les gamins, scout ou pas, ils en disent des gros mots, alors je vois pas pourquoi, moi, j’aurais pas le droit !
L’histoire a fait le tour de l’établissement très vite. Certains de mes élèves sont venus me supplier de continuer à faire cours comme avant, parce qu’au moins avec moi « on comprend et on retient tout ce que vous dites monsieur, avant moi je dormais presque pendant le cours d’histoire ! ».
Pendant une semaine donc les rumeurs sont allés dans tous les sens, allant du « prof qui insulte les élèves » au « prof qui révolutionne l’enseignement ». Bref, moi ça m’a plutôt fait rire, et je n’y prêtais aucune importance finalement. Jusqu’à ce qu’une collègue vienne me mettre en garde.
En fin de compte il semblerait que les accusations n’aient pas débuté à cause de parents d’élèves choqués, mais à cause d’un prof qui, n’ayant aucune vie en dehors de son bahut, se mêle de la vie des autres. Il a donc demandé aux enfants comment se passaient les cours avec « le nouveau », et n’ayant pas aimé ce qu’il a entendu, il a agité le spectre de la sorcellerie pour me faire rentrer dans le rang.
Ben oui, ça se fait pas…
Surtout que bon, les gosses n’arrêtent pas de dire à qui veut l’entendre (et principalement aux autres profs), que mes cours ils sont géniaux et que c’est quand même vachement mieux avec moi !
Jusqu’à me réclamer dans d’autres matières quand même…
Ah je ris…
Bref, je risque de finir immoler en place publique, mais au moins je prends mon pied avec les gosses. Parce que là je peux vraiment faire cours avec toutes mes classes. Et c’est quand même super de bosser dans une bonne ambiance.
Voilà pour la mise à jour niveau taff.
Niveau teuf, pas grand chose à dire, je suis pas mal fauché vu que le rectorat ne m’a toujours pas payé, donc les sorties doivent être limitées ! C’est triste…
Par contre j’ai rencontré un hypothétique futur membre du vodka club. Il aime faire la fête, il boit comme un trou et plus si aff, il a suffisamment de cynisme et d’autodérision pour me faire rire, et en plus il est pédé…
Bref une bonne recrue en perspective le Baron Rouge, à creuser ! (il lui reste encore quelques épreuves éliminatoires pour être membre officiel, on vous tiendra au courant !)
11 commentaires:
Baron Rouge boit de la vodka?!
On m'aurait mentiiii?! :-D
Et moi je suis même pas inscrit officielement dans le vodka club!
samedi! soirée on rentre dans MisterBitch... euh pardon... on fait rentrer MisterBitch dans le Vodka CLUB!
sisisi !
Tu sais très bien pourquoi ton inscription n'est toujours pas validée, il te manque l'adresse gmail...
Alors au lieu de râler tu n'as qu'à en créer une et dans l'heure je t'officialise!
^^
En effet, le Baron Rouge me paraît particulièrement dotée pour convenir à tes moeurs dissolues. :)))
Et en plus, il est carrément pas mal !!! ;)))
pour apprecier un peu plus encore ton bonheur!
http://www.facebook.com/home.php?#/group.php?sid=bb5f25b4c421abc82b58dd10b9dd3aa5&gid=7918555943&ref=search
Le pb c'est ça ! On met des vacataires non formés, sans concours, sans expérience ni même aucune formation d'enseignement dans une classe et on y va à fond, on les lâche dans la nature en pensant qu'avoir une licence ou une maîtrise suffit à faire un prof... Et puis on réduit le nombre de fonctionnaires... évidemment les gosses de ministre, ils se baissent et ils ramassent la culture dans le réseau familial !
Alors, ces vacataires-là, dans la banlieue prolo, ils font quoi ? Ils essentialisent les gamins, leur causent comme à des petites rac' pour avoir la paix et chez les bourgeois, habitués à la bonne linguistique, alors ils passent pour de joyeux révolutionnaires qui se payent le luxe d'être anars chez les gosses de riches. Mais c'est grave de chez grave.
Tu achètes la paix sociale de ta classe en enfermant les prolos dans leur putain de langue, qui reste la vraie barrière qui empêche la promotion sociale ! Un bon cours n'est pas un cours où les gamins ressortent en sachant tout sur la bataille de Waterloo ou que sais-je encore. Un bon cours est celui qui émancipe le savoir accompagné de ce qui entoure le savoir : la façon de le retranscrire, de l'exposer, de l'écrire... Tu réalises ça ? C'est pas de ta faute, mais bien celui du système... Mais c'est ridicule et nuit à l'oeuvre scolaire.
Certains profs ont pourtant réussi à faire faire du latin aux gosses de prolos, à leur faire de la langue française soutenue... Moralité, ils sont pour la plupart allés au lycée, et même les scientifiques, ils ont pour la plupart gardé leur inutile latin. Conclusion, d'après des stats et des retours qu'on commence à avoir, ils ont pour la plupart intégré des bonnes formations, n'ont pas eu peur, pour certain, d'aller à l'agreg, dans les facs de médecine et même les vraies grandes écoles.
Tes gosses de riche, ils ont encore à apprendre. mais avec tes prolos, t'es passé à côté et ça me froisse. Le luxe de parler vulgaire chez les bourgeois pour qui ça fait une jolie récréation, la facilité de ne pas donner le savoir et les clefs de l'émancipation chez les prolos... Tu apprends à enseigner, mais là tu tapines le salaire de vacataire qui en plus est minable. Si ce métier te convient, va passer une agrég ou un CAPES, et fait le bien. C'est la seule chose à rajouter. Je suis désolé de te brusquer, mais ça me choque.
Yann
Yann, t'es prof ou juste chiant?
-_-
Nonmé pasque si les parents les élevaient, leurs enfants, déjà, le Gauthier, il aurait pas à leur parler comme ça, aux petits prolos. Donc un vacataire, s'il n'est pas trop con, ça peut enseigner à des enfants prolos aussi. Et ras-le-cul de la "misère sociale"! Je suis né dans une famille de prolo, ils ont jamais dépassé le brevet, mais on m'a bien éduqué, moi. Je sais même parler le français! (oui, le français n'était pas une LV1 ou LV2 de mon temps... mais une vraie langue, dans laquelle on faisait des cours! Si si!)
TU vois on se comprend. Moi aussi je viens de bien bas dans l'échelle sociale (et bien haut dans les échelles humaines) et je pense très clairement qu'en mettant des vacataires non formés, on n'aide pas les gamins qui en ont le plus besoin. J'ai rien contre les vacataires mais ils faut leur donner les moyens de bien faire leur boulot, et ces moyens là, c'est aussi la formation. Pourquoi seuls les titulaires y ont droit ?
Et non je ne suis pas prof de secondaire ni chiant, mais exigeant. C'est là une grande différence. Et les agrég, les doctorat et autres preuves à la con de type grande école j'en ai à revendre.... Et je crois sincèrement que c'est parce que j'ai eu des profs excellents, qui avaient les moyens de bien faire leur métier que j'ai pu commencer à grimper sur l'échelle...
hum, toutes mes confuses mais être " prolo" dans une banlieue prolo classique et être "prolo" dans une banlieue plus chaude n'a rien avoir.
Je ne viens pas d'un milieu pauvre, ni riche mais j'ai été en cours avec ce qui est ensuite devenu les pires caïra de ma citée et je dis bien citée. Hé ben, si on n'éduque pas à la maison, le meilleur prof au monde n'y arrivera jamais, aucune formation de l'enseignement n'apprend ça. C'est un travail de parent pas d'étranger à la cellule familiale.
C'est bien beau d'avoir une linguistique parfaite, mais lorsque le bruit des élèves couvre tes cris, est-ce bien utile?
Malheureusement d'accord avec Yann ... Malheureusement d'accord parce que n'en déplaise à ceux qui "s'en sont sortis", ils restent des exceptions. Des exceptions qui légitiment le système, grâce à qui on peut faire croire au gros du troupeau que "si il veut, il peut" et que s'il ne progresse pas dans l'échelle sociale, c'est bien de sa faute et qu'il n'a qu'à faire avec les moyens qu'on lui donne.
Malheureusement d'accord avec Yann aussi parce que prof, c'est un métier à part entière et qu'il ne suffit pas d'être cool et que les élèves aiment que vous parliez "d'jeun's" pour être un "bon".
Tant mieux si Gauthier prend son pied avec ses élèves ! C'est chouette si ça donne du boulot au Vénérable Rédacteur de ce blog qui n'y est pour rien dans le taillage dans les effectifs de l'Educ Nat, mais ça reste une sombre arnaque.
Baron Rouge dans le Vodka Club... lui qui adorait mes bouteilles de JB !
Je n'y comprends plus rien.
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