Je bosse depuis que j'ai 18 ans, j'ai fait presque tout en job d'étudiant, et pas mal de truc en "vrai" taff aussi. Mais il y a une constance dans ma vie professionnelle, je me lasse très vite.
Mon CV ressemble à rien mais ça me plait de savoir que j'ai pu faire autant de chose en si peu de temps, même si certains y voient surtout de l'instabilité, moi j'y vois de la curiosité.
Je me suis souvent retrouvé à faire des trucs chiants, mal payés, mal considérés, bref le bas du bas de l'échelle sociale. Pourtant j'ai tenu, que ce soit à Quick, à La Poste, dans des sociétés de télémarketing, j'ai toujours réussi à me lever le matin (plus ou moins à l'heure), parce qu'il y avait un truc qui me faisait tenir : l'ambiance.
Chez moi c'est primordial, je dois passer 25h/semaines à vendre des Quick'n'toast, ok mais alors on va rigoler un peu Martine. Je me suis toujours fait rapidement des potes sur mon lieu de travail, jusqu'à devenir le ciment du groupe dans la plupart des cas. C'est même à se demander comment les gens faisaient pour survivre à leur taff avant que j'arrive foutre l'ambiance.
Je suis facilement "pote" avec le chef, sans pour autant passer pour un lèche cul auprès de mes pairs. Je me retrouvais donc très rapidement en position de sous-chef, leader, enfin comme vous voulez, mais très bien accepté par les deux cotés.
Voilà comment on tient à vendre des vérandas par téléphone de 17h à 21h tous les soirs pour 500 euros par mois, en se marrant, en se lâchant, en se respectant, et surtout en ne se prenant pas au sérieux. Non mais sans rire, le monde ne va pas s'écrouler parce que pendant 15 minutes au lieu de téléphoner on danse sur les bureaux avec Kylie à donf' !
La première fois que j'ai eu un vrai boulot c'était dans un grand ministère à Paris. De dieu que ça m'a fait tout bizarre, je n'ai pas pu devenir le bouffon de l'étage, ni le copain du Ministre (je l'ai même jamais vu en vrai). J'ai appris à me faire plus petit, plus discret, plus sage, plus professionnel. Et ça c'est bien passé. Faut dire il y avait tellement de monde qu'au final tu es obligé d'être anonyme. J'avais quand même réussi à me faire quelques potes de café, c'était sympa.
Ensuite j'ai fait d'autres trucs, et j'ai atterri dans le cabinet d'un homme politique. Là je me suis senti à l'aise de suite, parce qu'on revenait à quelque chose de familier dans un sens : une petite structure. Et je sortais d'une très bonne expérience dans le privé où j'aurai pu rester si je n'avais été débauché (quand on m'augmente de 50% j'ai tendance à accepter). Je me suis donc dit "en moins de 15 jours tout le monde te mange dans la main et tu roxxe darling!".
Et ben non.
C'est à ce jour ma pire expérience professionnelle, je vous renvoie à mes articles sur cette période (2007-2008), une horreur, j'en pleurais le soir en rentrant. Je n'ai pas réussi à m'intégrer principalement parce que je n'avais pas compris comment fonctionnait les vrais gens, les méchants, ceux qui ne sont là que pour gravir des échelons et n'en ont rien à foutre de ta gueule. Dire que j'ai découvert ça à 26 ans, c'est bon d'être aussi candide, non ?
Cet échec m'a fait énormément déprimer, et m'affecte encore dans un sens, parce que si j'ai travaillé aussi dur dans mes études c'était pour faire de la politique, et aujourd'hui je suis tout à fait conscient que ce rêve restera bel et bien un rêve, tout comme partir à l'étranger dans une ambassade française ou embarquer sur un bateau de la Marine Nationale.
Quand j'étais prof, je suis revenu à mes fondamentaux. Le bon collègue sympa qui fédère. Tant et si bien que dans mon dernier collège quand je suis parti il y avait plus de monde à ma fête de départ que pour des gens qui avaient bossé là pendant 5 ans, moi pour info j'y suis resté 5 mois dans celui-là. Et tout le monde est venu me voir pour me le dire "Mais Gauthier tu es extraordinaire, tu fédères dans tous les camps, tout le monde t'apprécie, tu te rends compte à quel point c'est exceptionel ?"
NDLR : Si réunir les mères-de-familles-anti-tabac-anti-alcool et les fétards-alcooliques-névrosés dans un même apéro est une si grande réussite, alors oui ! Où est mon Nobel d'ailleurs ?
Et me voilà maintenant dans une nouvelle boite privée. Mais à la différence de mes précedants jobs, cette fois j'ai des responsabilités. J'ai mon bureau à presque moi tout seul, je le partage avec mon assistant, j'ai accès à la machine à dosette du PDG et à la salle de bain. Je suis à l'étage coincé entre le bureau des directeurs commerciaux, du président et du PDG. Bref socialement, j'ai pris du galon, mais je me sens enfermé dans une tour d'ivoire.
Je n'ai pas d'amis ici, je mange tout seul 95% du temps. Avec mon assistant on ne parle que boulot, et on doit rester silencieux 95% de la journée. Bref, je me sens seul, je m'ennuie, je n'ai pas de plaisir...
Je passe souvent dans les entrepôts pour voir travailler les grouillots, et je suis presque jaloux de la bonne ambiance qui peut y régner parfois. Je me revois rire à gorge déployer avec mes collègues quand j'étais étudiant. Et ça me manque.
Alors vous me direz "mais de quoi tu te plains espèce de capitaliste véreux? au moins toi tu gagnes du fric !"
Alors je vous répondrais juste que mon salaire de septembre était de 1197 euros net.
Oui, oui, je suis toujours chef de projet, cadre, qui ne compte pas ses heures, mais je pense qu'il va falloir penser à demander une augmentation rapidement, parce que là, au prochain débauchage, je pense que je vais pas résister bien longtemps...
(j'ai calculé, avec le nombre d'heure que je fais, je suis moins payé qu'un smicard, cool non ?)
Allez, je vais manger, tout seul, en écoutant les podcasts de Regis Mailhot et Daniel Morin. Tout seul... Snifff...
10 commentaires:
J'avoue que je ne comprends pas du tout ton salaire !
Il y a là quelque chose d'étrange!
Tu aurais mieux fait de continuer les vacations pour l'EN à ce rythme là...
1200 euros net pour chef de projet !!
Tu devrais gagner le double!!
Tu te fais avoir...
LiLy
Non, sans rire ?
Je suis au courant, mais bon les CDI ça court pas les rues, alors je suis patient...
ben c'est ta faute mon vieux : il y a ceux qui exploitent et ceux qui se laissent exploiter...
tout ça, c'est parce que tu es snob et attaché aux titres ronflants de cadre, de chef et de sous-chef et sous-sous-chef. ça fait pitié.
Je suis français donc je suis culturellement attaché au statut oui.
Mais vu la conjoncture actuelle, je vais pas me mettre au RSA juste parce que j'estime que je mérite un plus haut salaire, je prends mon mail en patience. On n'évolue peut-être pas dans le même univers...
ben je suis cadre sup', sauf que précisément je ne me définis pas par mon statut : ce qui compte pour moi, ce n'est ni mon statut ni mon salaire (peut-être parce qu'il est confortable), mais le fait que je m'épanouis dans mon boulot, ce qui ne me semble pas être ton cas et c'est ce qui m'attriste : se pourrir la vie pour un salaire de misère, juste parce que ça donne un statut...
Pourquoi partir travailler dans une ambassade resterait un rêve ? Le MAE propose des contrats ouverts à tous et avec ta formation et ton expérience éclectique, il y a forcément quelque chose pour toi.
Julia
Mais moi c'est quand tu veux que je viens te enir compagnie !
C'est drôle, parce que certains points de ton parcours me font penser à moi ^^
Je gagne moins ma vie qu'il y a un an, mais j'ai des collègues sympa, une bonne ambiance, je suis content de les retrouver le matin, on rigole etc .... Certes, j'ai été amputé de mon pouvoir d'achat, mais j'ai gagné en qualité de travail. 1197 € c'est peu, surtout pour se faire chier, et je comprends tout à fait ton ressenti en regardant l'entrepot avec des gens mal payés, mais qui se marrent .... eux ;)
C'est quoi ce salaire de merde. je suis cadre, j'ai toujours travaillé en marketing et mon premier salaire c'était 2000 euro net. Aimes-tu la sodomie à sec?
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