lundi 26 juin 2006

Le grand saut

Je suis amoureux depuis mes 20 ans d’un homme qui me torture. Il m’a brisé le cœur, il me le brise encore, il me le brisera toute ma vie ? Non, mais je ne peux m’empêcher d’entretenir cette « relation » autodestructrice. Je suis consumériste parce que ma vie est vide. Ma vie est vide d’amour. L’amour est à sens unique et je sais très bien que je ne peux rien attendre en retour. Mille fois j’ai voulu mourir, mille fois j’ai voulu le tuer, mille fois j’ai pleuré, mille fois je me suis promis que c’était la dernière fois.

Je l’aime tant. Mais pourquoi ? Il y a une raison à tout amour. Les miennes sont mauvaises, ou tout du moins l’étaient. Il était mon anti-dépresseur. Je sortais de l’adolescence, je découvrais mon homosexualité, je découvrais la vie, j’avais tant de problèmes à régler. Et il arrive sans crier gare, il entre dans mon cœur, et plus jamais je n’ai pu l’en déloger. Pourquoi l’ais-je laisser faire ? J’avais besoin de lui, comme on a besoin de lexomil. Il est parti et mon monde s’est effondré, j’ai mis du temps à comprendre que ce n’était pas lui le problème, mais bel et bien moi. Pourquoi lui, pourquoi à ce moment précis ? Concours de circonstance ? Coup de foudre ? Je ne sais pas. Mais je suis incapable de l’arracher, sans arracher mon cœur.

Cœur qui ne fonctionne plus. Il est parasité, telle la maladie chronique, il se rappelle à moi, il me fait saigner de l’intérieur, il me fait souffrir… Paradoxalement je ne me sens jamais plus vivant que dans ces moments-là. Le cœur saigne, la raison s’effondre, mais le cœur bat, et la raison se tait. Je suis vivant donc je souffre, je souffre donc je suis vivant ! Lequel vint en premier ? Dans mon cas, la question reste sans réponse…

Masochisme ? Sadisme ? Lequel a tort, lequel a raison ? Celui qui part, celui qui reste, celui qui revient, celui qui repousse ? Le jeu dure depuis trop longtemps. On est exsangue, on ne sait même plus pourquoi on joue… Les raisons étaient là il y a 4 ans. Aujourd’hui il ne reste que l’évidence d’un amour toujours vivant. Un amour qui va, peut, nous détruire tout autant que nous construire. Mais construire quoi, et avec qui, et dans quel but ? Trop de questions qui doivent rester sans réponses pour que la chose reste belle, adolescente, innocente. Un contrat ? Non !

Il souffre, il est en attente, mais il ne sait pas de quoi. J’ai tant à lui donner ! Mais j’ai tant à lui prendre, peut-il me donner ? Il doute. Je ne peux pas le rassurer. Je l’aime, seul l’amour compte. Pourtant il y a 4 ans, ça ne suffisait pas. Mais nos vies ont changées. Je n’ai plus besoin de lui, j’ai envie de lui. Il n’a plus peur de moi, mais a-t-il envie de moi ? Il ne sait pas ce dont il a besoin. Je lui demande ce dont il a envie.

Il me sert dans ses bras, je pleure. Sa peau est toujours aussi douce, ses lèvres sont toujours sucrées. Son corps semble dessiné pour épouser le mien. Ses mains sont confiantes, elle connaissent, elles savent, les miennes aussi. Mes lèvres redécouvrent ce corps qu’elles ne connaissent que trop. Tout est parfait, tout est magique. La douceur, la passion, la puissance, la fébrilité, la tendresse, la complicité, tout est là ! J’ai l’impression d’avoir dormi dans ses bras la veille. Rien n’a changé. Mais tout est différent.

Je sais pourquoi je suis là, je sais avec qui je suis. A-t-il compris lui ? Vais-je pleurer ? Vais-je vouloir mourir ? La nuit que j’attends depuis 4 ans se déroule comme dans un rêve. Mais il faut déjà partir. Il faut recommencer à se poser des questions, les mêmes questions. Mais cette fois les choses seront clairement dites, la lumière sera faite, les aveux seront signés.

Un contrat, oui peut-être, mais pas n’importe comment, pas à n’importe quel prix. On souffre chacun de notre côté, on mérite de savoir ! Et si ça marchait ? Mais si ça ne marche pas, on ne se posera plus la question. 4 ans de questions qui prennent fin, pour s’ouvrir sur un milliard d’autres, encore plus inquiétantes.

Mais ce soir, je suis heureux, heureux de me poser ses questions, de ne pas m’y attarder, parce que je sais que je le vois après-demain, et que je vais le serrer dans mes bras.

Je t’aime, tu es l’homme de ma vie, tu m’as rendu heureux autant que tu m’as rendu malheureux, je veux me perdre dans tes yeux et avancer avec toi sur ce chemin tortueux qu’est la vie. Est-ce le grand saut ? Peut-être, mais ça sera à notre rythme, et je sais que ça sera beau…

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