jeudi 8 octobre 2009

À toute allure

J’ai l’impression que le monde tourne beaucoup plus vite que moi. L’avantage de se droguer en continue, c’est qu’on se rend plus trop compte du temps qui passe. Tant et si bien, que je me suis toujours pas fait à l’idée qu’on est en 2009 et que j’ai 28 ans. Mais le gros désavantage (oui je n’ai pas envie de dire inconvénient, donc je dis désavantage, je fais ce que je veux, na !), donc le gros désavantage c’est que je passe à côté de pas mal de chose juste parce que je me suis pas rendu compte !

Exemple précis : mes parents divorcent depuis deux ans maintenant. Ça prend un temps fou, mais dans ma tête, j’ai l’impression que ça a commencé hier et que ça ne finira jamais. Pourtant, samedi, ma mère m’annonce que mon père part vivre dans sa résidence secondaire à 400 km d’elle. Je le sais depuis longtemps qu’à l’automne il a prévu de déménager, mais je ne m’étais pas rendu compte que c’était déjà maintenant !

Mon début de semaine fut donc riche en nouvelles à absorber. Ils ont mis la maison où j’ai grandi en vente. Bon, c’est pas grave, ils vont mettre longtemps à la vendre. Je pourrais quand même y passer Noël, et surtout je pourrais toujours y vivre cette année en attendant de retomber sur mes pattes financièrement.

Mais non. Un événement m’est revenu en mémoire ce matin, et m’a beaucoup attristé. Mes grands parents ont mis en vente, cet été, la maison de famille. Ils ont plusieurs maisons, mais celle-là est dans la famille depuis 1893, elle a vu naître 4 générations (dont deux sont réellement né dans cette maison). C’est ma maison de cœur, celle que je pensais pouvoir sauver depuis que je suis en âge de comprendre qu’une maison de plus d’un siècle et de 450 m2 habitable ça demande un effort financier que peut peuvent fournir.

Je m’étais toujours dit « oui ils vont la vendre, mais avant ça je serai devenu riche, j’aurais gagné au loto ou je serai ministre, et je pourrai la racheter et la retaper comme je le voudrai ! ».

Le souci c’est qu’entre le prix de la baraque et les travaux à fournir, il me fallait au moins 300 000 euros. Inutile de dire que je ne les ai absolument pas.

Ndlr : c’est là que tu te rends compte que dans le Cantal pour 300 000 euros tu as une ferme du XIXème entièrement rénovée, de deux étages avec 6 chambres, trois salles de bains, 10 ha de terrain et pas de voisin, alors qu’à Paris tu as 40 m2 à retaper à Neuilly !!!!!!


Et voilà donc que cet été, la décision est prise, la maison sera mise en vente. Vu son état, son prix, les travaux, la situation géographique, je pensais qu’il faudrait attendre au moins 5 ans avant que quelqu’un ne daigne venir la visiter !

Elle a été vendue en trois semaines, 10% plus cher que ce que mes grands parents en avaient demandé (il y a eu surenchère parce que plusieurs personnes étaient intéressées !). Et là, ça m’a foutu une grosse claque.

Je ne pourrai plus aller y dormir, je ne pourrai plus me poser sous MON frêne et lire des romans en écoutant le clapotis de la fontaine, je ne pourrai plus me laisser bercer par la douce brise qui traverse la cour et m’enveloppe quand je m’allonge sur le transat, je ne serai plus jamais réveillé par les cloches des vaches qui passent dans le chemin, je ne sentirai plus l’odeur de confiture qui envahissait toute la maison quand ma grand-mère cuisinait…

Et ça m’a fait comme un trou dans le cœur…

Alors voilà, peut-être que mes parents vendront aussi vite leur maison, peut-être que je ne pourrai pas y pas y passer Noël, et ça me fait encore plus mal. Cette maison, c’est l’endroit où j’ai le plus vécu de toute ma vie. 10 ans, soit plus d’un tiers de ma vie passé dans ces murs. Je ne me vois pas sans ce repère.

Ça fait con de dire ça, mais c’est un endroit où je me suis toujours senti bien. Et sur les quatre maisons où je sais que je peux mourir paisiblement parce que c’est « chez moi pour la vie », cette année, j’en perds deux ? Ça fait beaucoup à avaler d’un seul coup…

M’enfin, l’avantage de mettre un frein à mes bêtises ces temps-ci, c’est que je vais pouvoir rattraper mon retard, partir dans ma famille, et profiter de mes derniers moments dans ces lieux plein de souvenir !

2 commentaires:

Jessica Fletcher a dit…

Faut pas s'attacher aux choses!

le plus beau des tto a dit…

Je ne peux m'empêcher de commenter et de faire un jeu de mot pourri, mais ça fait un bail !!!!

Bon, Gauthier, oui le temps avance mais ce que tu viens d'écrire a du sens et particulièrement chez moi où j'ai déjà eu l'occasion de parler de la maison de mon grand père où j'ai usé mes culottes courtes. L'éloignement (pour diverses raisons) de ces racines est troublant voire destabilisant.

Profite donc du temps imparti pour tirer profit de ces murs, ces pierres chargées d'histoire ... la tienne.

Je t'embrasse