Je suis un être humain. Mon cœur bat, je suis en vie. Mes yeux voient, mes oreilles entendent, mes bras et mes jambes bougent, mes lèvres goûtent, je suis chanceux. Mon cerveau comprend le monde qui m’entoure, je suis conscient de mon insignifiance au plan cosmique, je sais que je vais mourir un jour, je sais que je ne laisserai qu’une petite trace dans le cœur des gens que j’aime, je suis cartésien, je suis mortel, je ne suis rien.
Pourtant j’existe. Je respire. Je suis capable du meilleur comme du pire. Je peux donner la vie, je peux la prendre, ou la reprendre. Je peux changer le monde ou le laisser me changer. Je peux sentir, ressentir, souffrir… Mais surtout je peux vivre ! Je peux oui, mais est ce que je veux ? Suis-je capable de prendre la mesure de ce que j’ai ? Je ne vois que ce qui me manque, que ce qui me fait envie, que ce qui me fait peur, que ce qui me pousse ou me retient dans ma bulle.
Je n’aime pas mon corps, je suis fier de ma tête, je ne m’aime pas, je veux qu’on m’aime. Mon corps, ce problème, cette douleur, ce poids. Déjà on m’a brisé le cœur. La faute à qui ? La faute à quoi ? La faute à mon corps. Ma tête est parfaite, mon cœur est pur. Il ne veut plus de moi ? Non il ne veut plus de mon corps. Mon corps doit disparaître. La dépression m’emporte et m’excuse. Le mal-être m’envahit, la vie m’écœure, je me dégoûte. Je ne suis rien, mais je suis quand même. Je ne veux plus être, mais je ne peux pas m’effacer.
Alors j’efface mon corps, cet appendice que je traîne avec moi, que les autres voient. Ils ne voient que ça. Ils ne peuvent voir ma tête, mon âme, mon cœur, non ils ne voient que le corps. Ce corps que j’expie tels mes péchés, ce corps responsable de tout. La tête c’est la raison, le cœur la passion, le corps la tentation, moi je suis l’équilibre. Je vis parce que je pense ? Non. Je vis parce que j’aime ? Non. Je vis parce que je ressens ? Oui. Je ressens par mon corps. La tête analyse, le cœur saigne, le corps vit.
Alors comment vivre sans le corps ? Impossible. Si je supprime mon corps, je supprime ma vie. Mais si je détruis mon corps, je vis encore. Alors je le détruis lentement, méthodiquement, mais sûrement. Et je ne vis que plus intensément. Je repousse les limites, je me mets en danger, ce corps que j’exècre doit souffrir. Ainsi ma vie prend-t-elle un sens ? Non, mais elle n’est que plus intense.
L’anorexie, la drogue et l’alcool sont mes piliers. Le corps souffre, se tort, se raidi, mais il est encore là. Il me gêne moins, je vis avec. Je vais mieux. J’intériorise mes angoisses tout en exaltant mes passions. Je me fixe des buts, je les tiens. Rien ne m’arrête, je maîtrise tout. Ma vie, ma destruction, tout est à moi, tout est pour moi. Jusqu’à ce soir d’avril où je perds le contrôle.
Tout est calculé. A chaque limite atteinte, je stop la machine. Devant chaque barrière, ma tête ou mon cœur reprend le contrôle. Juste une décharge, courte mais intense comme pour dire « tu dérapes ». Et mon corps de repartir de plus belle dans une autre voie, un autre excès, tout aussi maîtrisé, tout aussi contrôlé, tout aussi aseptisé. Ce mal du siècle : la dépression ou le besoin de reconnaissance ? Et si l’un ne pouvait aller sans l’autre… Je ne suis pas psy, je suis juste dérangé, j’ai des questions, mais pas de réponses.
Je suis de la jeunesse dorée, de la jeunesse sans problèmes. Je dois inventer mes souffrances. Elles sont toutes plus folles les unes que les autres. Elles sont encore plus dangereuses parce qu’elles sont nécessaires. Mais une fois qu’elles sont là, je ne peux plus dissocier le réel du fantasme. Cette fois je suis tombé sur plus fort que moi. Plus fort que mon cœur, plus fort que ma tête. Trop fort pour mon corps ? Tout est remis en question, tout est suspendu. Mon corps a touché l’interdit, il a franchi la barrière. Et je ne peux plus me sauver, tout du moins pas seul. Je dois me laisser faire, accepter de l’aide, accepter de perdre le contrôle pour sauver mon corps, et donc sauver ma vie.
Ma tête et mon cœur ne le supportent pas. Je ne tiens plus. Mon équilibre vole en éclats. Moi, je ne suis plus rien, juste un pantin sous trithérapie préventive qui attend qu’on le sauve. Je ne contrôle pas parce que cette barrière, cette limite, je ne voulais pas la franchir. Ce danger je ne voulais pas l'affronter. Et pourtant il est bien là, réel, au-delà de tous mes fantasmes. Trop réel, trop fort. Pour la première fois j’ai envie de vivre? Non, la question n'est pas là. J'avais déjà envie de vivre, mais autrement, et aujourd'hui je le regrette.
Sauvez mon corps, sauvez-moi... S'il vous plait !
Pourtant j’existe. Je respire. Je suis capable du meilleur comme du pire. Je peux donner la vie, je peux la prendre, ou la reprendre. Je peux changer le monde ou le laisser me changer. Je peux sentir, ressentir, souffrir… Mais surtout je peux vivre ! Je peux oui, mais est ce que je veux ? Suis-je capable de prendre la mesure de ce que j’ai ? Je ne vois que ce qui me manque, que ce qui me fait envie, que ce qui me fait peur, que ce qui me pousse ou me retient dans ma bulle.
Je n’aime pas mon corps, je suis fier de ma tête, je ne m’aime pas, je veux qu’on m’aime. Mon corps, ce problème, cette douleur, ce poids. Déjà on m’a brisé le cœur. La faute à qui ? La faute à quoi ? La faute à mon corps. Ma tête est parfaite, mon cœur est pur. Il ne veut plus de moi ? Non il ne veut plus de mon corps. Mon corps doit disparaître. La dépression m’emporte et m’excuse. Le mal-être m’envahit, la vie m’écœure, je me dégoûte. Je ne suis rien, mais je suis quand même. Je ne veux plus être, mais je ne peux pas m’effacer.
Alors j’efface mon corps, cet appendice que je traîne avec moi, que les autres voient. Ils ne voient que ça. Ils ne peuvent voir ma tête, mon âme, mon cœur, non ils ne voient que le corps. Ce corps que j’expie tels mes péchés, ce corps responsable de tout. La tête c’est la raison, le cœur la passion, le corps la tentation, moi je suis l’équilibre. Je vis parce que je pense ? Non. Je vis parce que j’aime ? Non. Je vis parce que je ressens ? Oui. Je ressens par mon corps. La tête analyse, le cœur saigne, le corps vit.
Alors comment vivre sans le corps ? Impossible. Si je supprime mon corps, je supprime ma vie. Mais si je détruis mon corps, je vis encore. Alors je le détruis lentement, méthodiquement, mais sûrement. Et je ne vis que plus intensément. Je repousse les limites, je me mets en danger, ce corps que j’exècre doit souffrir. Ainsi ma vie prend-t-elle un sens ? Non, mais elle n’est que plus intense.
L’anorexie, la drogue et l’alcool sont mes piliers. Le corps souffre, se tort, se raidi, mais il est encore là. Il me gêne moins, je vis avec. Je vais mieux. J’intériorise mes angoisses tout en exaltant mes passions. Je me fixe des buts, je les tiens. Rien ne m’arrête, je maîtrise tout. Ma vie, ma destruction, tout est à moi, tout est pour moi. Jusqu’à ce soir d’avril où je perds le contrôle.
Tout est calculé. A chaque limite atteinte, je stop la machine. Devant chaque barrière, ma tête ou mon cœur reprend le contrôle. Juste une décharge, courte mais intense comme pour dire « tu dérapes ». Et mon corps de repartir de plus belle dans une autre voie, un autre excès, tout aussi maîtrisé, tout aussi contrôlé, tout aussi aseptisé. Ce mal du siècle : la dépression ou le besoin de reconnaissance ? Et si l’un ne pouvait aller sans l’autre… Je ne suis pas psy, je suis juste dérangé, j’ai des questions, mais pas de réponses.
Je suis de la jeunesse dorée, de la jeunesse sans problèmes. Je dois inventer mes souffrances. Elles sont toutes plus folles les unes que les autres. Elles sont encore plus dangereuses parce qu’elles sont nécessaires. Mais une fois qu’elles sont là, je ne peux plus dissocier le réel du fantasme. Cette fois je suis tombé sur plus fort que moi. Plus fort que mon cœur, plus fort que ma tête. Trop fort pour mon corps ? Tout est remis en question, tout est suspendu. Mon corps a touché l’interdit, il a franchi la barrière. Et je ne peux plus me sauver, tout du moins pas seul. Je dois me laisser faire, accepter de l’aide, accepter de perdre le contrôle pour sauver mon corps, et donc sauver ma vie.
Ma tête et mon cœur ne le supportent pas. Je ne tiens plus. Mon équilibre vole en éclats. Moi, je ne suis plus rien, juste un pantin sous trithérapie préventive qui attend qu’on le sauve. Je ne contrôle pas parce que cette barrière, cette limite, je ne voulais pas la franchir. Ce danger je ne voulais pas l'affronter. Et pourtant il est bien là, réel, au-delà de tous mes fantasmes. Trop réel, trop fort. Pour la première fois j’ai envie de vivre? Non, la question n'est pas là. J'avais déjà envie de vivre, mais autrement, et aujourd'hui je le regrette.
Sauvez mon corps, sauvez-moi... S'il vous plait !
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