La vie est parfois gaie (gay ?), parfois moche. Pour moi elle fut alternativement l’un ou l’autre. Je ne suis pas plus à plaindre qu’un autre, je ne suis pas plus malheureux qu’un autre. J’ai même beaucoup de chance. Je suis jeune, je suis beau, je suis intelligent. J’ai un cercle d’amis super, j’ai des bons diplômes, une très belle perspective d’avenir.
Ça n’a pas toujours été le cas, plusieurs fois j’ai voulu mourir, j’ai voulu finir dans le caniveau. Je me suis détruit pas la drogue, l’alcool, la nourriture. Tous ces désordres extérieurs ne faisaient que refléter un grand désordre intérieur. Milles fois j’ai mérité le pire, milles fois je l’ai évité. Milles fois j’ai recommencé… Le tourbillon de la dépression m’a emporté dans ses profondeurs abyssales. Que la vie est confortable quand on ne va pas bien, que la vie est douce quand tout est excusé par le mal être qui vous dévore.
Une nuit, j’ai fait une rencontre, cette rencontre a changé ma vie pour toujours. C’était avec le conducteur d’une 306 sport. Il entre dans un tunnel à 130 km/h en ville, à contre-sens, j’arrive en face. Il s’enfuit, me laissant pour mort avec la moitié de mon visage sur le tableau de bord. Je me suis réveillé aux urgences, un chirurgien parlait à ma mère. Elle pleurait, il venait de lui expliquer qu’il ne savait pas s’il pouvait reconstruire mon visage. Alors ça y est, c’est fini ? Tous mes excès, toutes mes errances ont trouvé leur issue : je vais finir ma vie défiguré. Quelle pire punition pour quelqu’un qui vit dans le paraître, qui se sert de son corps et de sa beauté comme d’une arme de persuasion, qui fait passer l’apparence avant tout le reste. Tous ces gens que je ne déniais pas regarder parce qu’ils étaient moche… Quelle ironie !!!
Mes parents n’ont pas baissé les bras, ils ont passé la journée au téléphone, appelant toutes leurs connaissances, enfin une équipe de chirurgiens accepte de tenter quelque chose, mais sans promettre un résultat quelconque. Et je passe 7h sur une table d’opération. Quand je reviens enfin à moi ma mère pleure toujours. L’opération a raté ! Non elle pleure de joie. D’ici quelques jours, mon visage aura dégonflé et je redeviendrais celui que j’ai toujours été.
En fait pas tout à fait. Oui, à l’extérieur ils ont fait des miracles, tous les médecins/chirurgiens/dentistes que j’ai pu voir depuis me disent tous la même chose : je suis un miraculé de la médecine moderne. Si jamais ça avait eu lieu ne serait ce qu’un an plus tôt, ils n’auraient pas pu opérer. Mais à l’intérieur, tout a changé, j’ai décidé d’en finir avec ma « vie d’avant ».
Que dire de quelqu’un qui vous avoue que la meilleure chose qui lui soit arrivée c’est un grave accident de voiture ? C’est mon cas, et je l’assume, j’avais besoin de ça, le timing était parfait, je pouvais encore reprendre le contrôle , 6 mois après ça aurait été trop tard. Je me suis reconstruit entièrement. J’ai fait du vide dans mon entourage, j’ai changé de cursus universitaire, je me suis rapproché de mes parents. À y regarder de plus près, le parcours paraît presque mystique. Mais chacun son interprétation.
Je ne suis pas plus fort maintenant. Je maintiens ma barque tant bien que mal. Je suis à flot, je maîtrise les petites vagues. Mais que faire si une grosse devait repointer le bout de son nez ? Une vague scélérate m’engloutirait à coup sûr. Je suis fatigué de remonter des pentes pour les dévaler à coup sûr. Je me suis promis que c’était la dernière fois que je remontais, pour une bonne raison : je ne compte plus redescendre.
Printemps 2006 : je finis mes cours, je prépare mes examens, j’attends avec impatience d’entrer dans la vie active avec un pont d’or (un stage de folie), je sais que je peux encore aimer (mon cœur bat pour un bel Américain qui a fait un passage éclair dans ma vie), je sais que je peux devenir quelqu’un de très bien. Mais il ne faut pas m’appuyer sur la tête, je ne sais pas à quel point je suis accroché. Je peux lâcher à tout moment.
Ce soir, je discute avec un jeune homme sur Internet, en fait ça fait un mois que l’on discute. Il est mignon, il veut mon corps. Mais, pour tout un tas de raisons, je n’ai pas pu lui donner ce qu’il attend depuis un mois. Ce soir, j’abdique. Il vient chez moi. S’en suit une merveilleuse partie de jambes en l’air. Ça fait du bien. Du sexe avec un inconnu, pas de prise de tête, pas de questions, pas de réponses bien sûr. Mais ça fait du bien. Je m’abandonne dans les bras de mon exutoire.
Je me retire, je veux retirer le préservatif, il a explosé ! Le garçon semble très perturbé. Je reste calme. Il s’inquiète que j’aie joui en lui. Je lui annonce que je suis séronégatif, il me dit que lui aussi. Et il revient à la charge pendant 20 minutes. Je le sens très perturbé, alors je le rassure en lui disant qu’il n’y a aucune chance que je sois contaminé, je mets toujours des préservatifs. La dernière fois qu’une capote a explosé j’ai pris un traitement d’urgence. Donc s’il ne me croit pas (et il a le droit, on ne se connaît pas) je lui explique qu’il peut aller à l’hôpital en demander un. Il semble rassurer et il s’en va.
Trois heures après mon téléphone sonne, c’est lui. Il me dit qu’il m’a menti, qu’il s’en veut beaucoup, il est séropositif depuis deux ans. Ma vie vient de s’arrêter.
Pourquoi moi, pourquoi maintenant, pourquoi comme ça ? POURQUOI ?
Ça n’a pas toujours été le cas, plusieurs fois j’ai voulu mourir, j’ai voulu finir dans le caniveau. Je me suis détruit pas la drogue, l’alcool, la nourriture. Tous ces désordres extérieurs ne faisaient que refléter un grand désordre intérieur. Milles fois j’ai mérité le pire, milles fois je l’ai évité. Milles fois j’ai recommencé… Le tourbillon de la dépression m’a emporté dans ses profondeurs abyssales. Que la vie est confortable quand on ne va pas bien, que la vie est douce quand tout est excusé par le mal être qui vous dévore.
Une nuit, j’ai fait une rencontre, cette rencontre a changé ma vie pour toujours. C’était avec le conducteur d’une 306 sport. Il entre dans un tunnel à 130 km/h en ville, à contre-sens, j’arrive en face. Il s’enfuit, me laissant pour mort avec la moitié de mon visage sur le tableau de bord. Je me suis réveillé aux urgences, un chirurgien parlait à ma mère. Elle pleurait, il venait de lui expliquer qu’il ne savait pas s’il pouvait reconstruire mon visage. Alors ça y est, c’est fini ? Tous mes excès, toutes mes errances ont trouvé leur issue : je vais finir ma vie défiguré. Quelle pire punition pour quelqu’un qui vit dans le paraître, qui se sert de son corps et de sa beauté comme d’une arme de persuasion, qui fait passer l’apparence avant tout le reste. Tous ces gens que je ne déniais pas regarder parce qu’ils étaient moche… Quelle ironie !!!
Mes parents n’ont pas baissé les bras, ils ont passé la journée au téléphone, appelant toutes leurs connaissances, enfin une équipe de chirurgiens accepte de tenter quelque chose, mais sans promettre un résultat quelconque. Et je passe 7h sur une table d’opération. Quand je reviens enfin à moi ma mère pleure toujours. L’opération a raté ! Non elle pleure de joie. D’ici quelques jours, mon visage aura dégonflé et je redeviendrais celui que j’ai toujours été.
En fait pas tout à fait. Oui, à l’extérieur ils ont fait des miracles, tous les médecins/chirurgiens/dentistes que j’ai pu voir depuis me disent tous la même chose : je suis un miraculé de la médecine moderne. Si jamais ça avait eu lieu ne serait ce qu’un an plus tôt, ils n’auraient pas pu opérer. Mais à l’intérieur, tout a changé, j’ai décidé d’en finir avec ma « vie d’avant ».
Que dire de quelqu’un qui vous avoue que la meilleure chose qui lui soit arrivée c’est un grave accident de voiture ? C’est mon cas, et je l’assume, j’avais besoin de ça, le timing était parfait, je pouvais encore reprendre le contrôle , 6 mois après ça aurait été trop tard. Je me suis reconstruit entièrement. J’ai fait du vide dans mon entourage, j’ai changé de cursus universitaire, je me suis rapproché de mes parents. À y regarder de plus près, le parcours paraît presque mystique. Mais chacun son interprétation.
Je ne suis pas plus fort maintenant. Je maintiens ma barque tant bien que mal. Je suis à flot, je maîtrise les petites vagues. Mais que faire si une grosse devait repointer le bout de son nez ? Une vague scélérate m’engloutirait à coup sûr. Je suis fatigué de remonter des pentes pour les dévaler à coup sûr. Je me suis promis que c’était la dernière fois que je remontais, pour une bonne raison : je ne compte plus redescendre.
Printemps 2006 : je finis mes cours, je prépare mes examens, j’attends avec impatience d’entrer dans la vie active avec un pont d’or (un stage de folie), je sais que je peux encore aimer (mon cœur bat pour un bel Américain qui a fait un passage éclair dans ma vie), je sais que je peux devenir quelqu’un de très bien. Mais il ne faut pas m’appuyer sur la tête, je ne sais pas à quel point je suis accroché. Je peux lâcher à tout moment.
Ce soir, je discute avec un jeune homme sur Internet, en fait ça fait un mois que l’on discute. Il est mignon, il veut mon corps. Mais, pour tout un tas de raisons, je n’ai pas pu lui donner ce qu’il attend depuis un mois. Ce soir, j’abdique. Il vient chez moi. S’en suit une merveilleuse partie de jambes en l’air. Ça fait du bien. Du sexe avec un inconnu, pas de prise de tête, pas de questions, pas de réponses bien sûr. Mais ça fait du bien. Je m’abandonne dans les bras de mon exutoire.
Je me retire, je veux retirer le préservatif, il a explosé ! Le garçon semble très perturbé. Je reste calme. Il s’inquiète que j’aie joui en lui. Je lui annonce que je suis séronégatif, il me dit que lui aussi. Et il revient à la charge pendant 20 minutes. Je le sens très perturbé, alors je le rassure en lui disant qu’il n’y a aucune chance que je sois contaminé, je mets toujours des préservatifs. La dernière fois qu’une capote a explosé j’ai pris un traitement d’urgence. Donc s’il ne me croit pas (et il a le droit, on ne se connaît pas) je lui explique qu’il peut aller à l’hôpital en demander un. Il semble rassurer et il s’en va.
Trois heures après mon téléphone sonne, c’est lui. Il me dit qu’il m’a menti, qu’il s’en veut beaucoup, il est séropositif depuis deux ans. Ma vie vient de s’arrêter.
Pourquoi moi, pourquoi maintenant, pourquoi comme ça ? POURQUOI ?
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