mercredi 3 mai 2006

Areuh

Il y a 25 ans et quelques heures, le petit Gauthier Marcel venait au monde. Oui je porte comme deuxième prénom celui de mon grand père, il est horrible, mais en même temps on s’en fou royal ! À la façon de Nina, je m’en vais vous conter l’histoire de ma naissance, hautement rocambolesque !

Donc en cet été de l’année 1980, monsieur et madame futurs parents de Gauthier décident de mettre en branle leur premier héritier. Cela se déroule dans la maison de famille, elle nous appartient depuis près de deux siècle, et est actuellement la résidence secondaire de mes grands parents maternels. Mes parents estiment que c’est le meilleur endroit qui existe sur Terre pour concevoir l’enfant de l’amour (paroles exactes qu’emploiera ma mère quelques années plus tard pour me raconter ça !). Et puis ils veulent un enfant qui naisse au printemps (en fait ma mère ne veut surtout pas se retrouver enceinte en été, quelle bonne idée qu’elle a eu !).

La mayonnaise prend de suite, mes parents sont doués eux (Nina ne voit ici aucune attaque personnelle). Et voilà maman Gauthier enceinte, heureuse et épanouie. Elle veut un garçon, elle en veut un depuis qu’elle a 12 ans, il s’appellera Gauthier, mon père n’a même pas la voix au chapitre, il accepte ou il accepte. Connaissant ma mère, il n’essaye même pas d’argumenter ! Elle est tellement persuadée d’avoir un garçon qu’elle ne demande pas le sexe à l’échographie. Le gynécologue lui parle donc de mon petit cœur, de mes petits bras, de mes petits yeux, et là il lui dit :

- Je vois bien les cuisses là !
- … (ma mère ne comprend pas en quoi le fait que j’ai des cuisses l’extasie à ce point !)
- Je vois vraiment bien les cuisses là vous savez !
- Et alors ?
- Vous voulez pas savoir ce qu’il y a au-dessus des cuisses ?
- Dites-le-moi uniquement si c’est un garçon ! (ma mère est très joueuse !)
- Félicitations madame, vous attendez un petit garçon !


Quelques larmes de joies plus tard ma mère annonce la nouvelle à mon père, à ce jour elle a toujours la photo de l’échographie sur elle. Mais tout ne devait pas être aussi rose que ça. À 6 mois, elle retourne chez le gynéco, elle s’assoie dans la salle d’attente, et elle remarque que toutes les autres femmes ont le même ventre qu’elle. Ma maman ne côtoyait pas d’autres femmes enceintes, donc elle ne savait pas trop comment elle devait être à 6 mois de grossesse. Le gynéco arrive dans la salle d’attente et demande à toutes les femmes à terme de se lever. Toutes les femmes se lèvent, sauf ma mère. Grand moment de solitude.

Persuadée qu’elle est enceinte de triplé, elle demande au gynéco de bien vérifier, il lui dit que non je suis tout seul, mais je suis peut-être un peu gros, tout simplement. Pour rajouter à la nouvelle, elle apprend que son col de l’utérus supporte mal le choc. Elle doit donc rester allongée jusqu’à l’accouchement pour éviter que je n’arrive prématurément. Et c’est parti pour 3 mois de sédentarisations totale.

Ma mère est grande (1m80), et svelte (57kg avant la grossesse), une semaine avant ma venue au monde, elle décide d’arrêter de se peser, elle vient de passer les 80 kg et elle en prend un par jour. Elle pense avoir frôlé les 90kg le jour de l’accouchement. L’accouchement justement parlons-en.

Je devais naître le 30 avril. Étant donné qu’elle était au lit depuis 3 mois, le matin du 30 avril, ma maman a senti un immense sentiment de soulagement, se disant « ça y est, je vais me débarrasser du monstre ! ». Mais non. Moi je suis très bien là où je suis. Le 1e mai rien. Le 2 mai rien. Mon père n’en pouvant plus non plus, ils décident de « provoquer » un peu tout ça. Les voilà donc parti sur les chemins creux de la campagne voisine, mon père conduit comme un taré, histoire de secouer ma mère comme une bouteille d’Orangina. En fin d’après-midi, ils rentrent, ma mère n’a toujours pas la moindre contraction, le désespoir s’empare de mes parents.

À 18h, maman est allongé devant la télé, papa bricole. Tout le monde essaye de se calmer. Et là : maman perd les eaux sur le canapé tout neuf pas encore fini de payer ! YOUPI ! Elle appelle mon père, et lui dit qu’elle va aller prendre une douche avant d’aller à l’hôpital. Elle n’a pas le temps de finir sa phrase que mon courageux paternel est dans l’entrée avec les valises et hurlant « allez dépêche toi, sinon tu vas accoucher ici ». Ma mère a eu beau lui expliquer qu’ils avaient encore le temps, il ne veut rien entendre, elle se lavera plus tard. Et les voilà parti pour la clinique. Mes parents ont choisi une clinique assez éloignée de chez eux, pour éviter que je ne naisse dans un hôpital public surchargé. Ils voulaient des soins de qualités et de la tranquillité. Mais tout ceci à un prix : il faut traverser la ville un samedi soir à 18h. Ma mère s’est vu mourir mille fois au moins, mon père a défoncé la voiture de devant puis celle de derrière pour sortir de son créneau. Il a embouti trois autres voitures sur le trajet (sans s’arrêter), il a grillé 4 feux rouges, et au moins autant de priorités. Dieu existe, et il a œuvré ce jour-là pour qu’on arrive tous en entier. Une fois ma mère dans les mains du personnel de la clinique, il s’est posé sur une chaise pour « décompresser », ma mère se souviendra toujours de sa tête à ce moment précis qui disait quelque chose comme « ouf, c’est bon, j’ai fait ma part du job ! ».

Il est donc quelque chose comme 18h30, ma mère s’installe sur la table de travail. Et là c’est parti pour le rodéo ! Je veux bien sortir, mais je n’y arrive pas vraiment. Ma mère est resté sur la table de travail jusqu’à 3h12 du matin (heure officielle de ma naissance). 9h c’est long ! Surtout que là, elle faisait pas du tricot la vieille, elle souffrait ! La pauvre, j’ai honte quand j’y pense (bien que techniquement je ne sois pas responsable !). Bref, pas de péridurale, parce que le travail est trop engagé, pas de césarienne, parce qu’« il finira bien par sortir » comme elle a dit la sage-femme (sage ? mon œil oui !). Par contre on y va gaiement sur les entailles au cutter.

- Poussez madame, poussez !
- *pousse*
- Soufflez, inspirez, soufflez, eeeeeeet pousseeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeez
- MAIS JE POUSSE ESPÈCE DE BATARD, TU VOIS BIEN QUE JE POUSSE ALORS ARRÊTER D’HURLER OU JE TE DÉVISSE LA TÊTE ! ENCULÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
- ….


Après deux changements d’infirmiers, que ma mère a, semble-t-il, choqué par son langage de charretier, le troisième arrive avec l’espoir affiché de mettre fin à ses souffrances ! Il enjambe ma mère et se retrouve à califourchon sur son ventre, il pose ses fesses sur la poitrine de ma douce maman, et pousse avec ses bras pour que j’arrive à sortir. Ma maman se retrouve donc avec un gentil monsieur qu’elle ne connaît pas assis sur ses seins. Le problème c’est qu’il doit peser 60kg tout mouillé le monsieur, et ma maman est une femme de 90kg en plein travail depuis 6h maintenant. Moralité : elle attrape l’infirmier d’une main, et il finit dans le mur ! Wonder maman ! Enfin, après encore 3h de travail, et quelques points de sutures chez le personnel médical, je viens au monde. Il était temps.

Mes parents ont acheté pour l’occasion un appareil photo dernier cri, mon père avait pour consigne de prendre la photo juste quand la sage-femme me pose sur le ventre de ma maman, avant qu’on me nettoie. Ma maman voulait avoir cette photo dans son album. Mon papa a donc pris les photos en ce mettant face à ma mère, on voit très bien ma tête sur la première photo, alors que mon corps est encore dans ma mère, puis on me voit en entier sur la seconde ! Je suis tombé sur ces photos, à l’âge de 15 ans, j’en fais encore des cauchemars. Mon père dit pour s’excuser qu’il avait oublié qu’on voyait ma mère à poil en fond, lui il ne voyait que moi à ce moment-là ! Bref inutile de préciser que ces photos n’ont jamais trouver leus place dans un album.

Pour la suite de l’histoire, je vous dirais juste qu’en fait j’étais mort à la naissance. Ma maman ignorait pourquoi la sage-femme était partie en courant avec moi, sans prendre le temps de me montrer à ma maman. Personne ne voulait lui donner de mes nouvelles. Elle était persuadée que j’étais mort et que personne ne voulait le lui dire. Enfin à midi le gynécologue de garde est venu me ramener à mes parents plus qu’anxieux.

Je faisais 4,780kg pour 55cm, j’étais énorme, plein de poils, déformé par les forceps, et le manque de place dans le ventre de ma mère, le tout avec une jolie couleur violette ! Bref j’étais horrible, ma mère en a pleuré quand elle m’a vu. Il n’y avait que mon père pour me trouver beau. Les membres de la famille ont grimacé quand ils sont venus me voir, y compris ma grand mère :

- Ah ! Ben il est…
- Mais dit le qu’il est horrible maman !
- Mais non, il est…


Elle n’a jamais réussi à le dire ! Mais maintenant je suis tout beau. En fait je suis devenu un beau bébé passé un mois. Le temps que je retrouve une corpulence et une couleur normales ! La preuve, je vous mets ici une photo ou j’avais deux ans. N’étais-je pas le plus adorable des bambins ?????



Je me dois de préciser que le gynécologue a dit à ma maman que plus elle aurait d’enfants, plus ils seraient gros et grands ! Elle a mis 4 ans avant de me donner un petit frère. Et Dieu merci il est né trois semaines avant terme, sachant qu’il faisait quand même 51cm pour 3,600kg, à terme il aurait été plus gros que moi ! La génétique est cruelle parfois.

Aucun commentaire: