lundi 13 novembre 2006

Légère envie de mourir

Certains jours la vie me semble insupportable. Et ce lundi 13 novembre 2006, elle l’est particulièrement. Je n’ai pas besoin de vous rappeler que je suis en recherche d’emploi. Et étant donné que je suis diplômé bac+5 en Sciences po, je ne sais rien faire, ce qui n’arrange pas mes affaires. Enfin quand je dis diplômé, je m’avance, j’attends depuis 15 jours d’être convoqué à une hypothétique soutenance de rapport de stage. Donc en fait je ne suis même pas diplômé (ta sœur, putain, ils m’énervent !!!!!!!).

Mais bon, ça ne m’empêche pas de postuler partout où c’est possible. D’envoyer des CV à la tonne (vive les mails, ça économise les timbres). Et de rappeler la semaine suivante « Oui bonjour, alors vous m’engagez quand ? ». Parce que le RMI ça va deux minutes, mais moi là je suis à -485€ sur un compte et -163€ sur l’autre, sachant qu’en plus j’ai quelques 83€ de paiements différés… Bref, la prostitution reste toujours une option envisageable de mon point de vue… Ou alors résilier au moins une carte de crédit (j’en ai 4 en tout, c’est trop 4… surtout pour moi…).

Et puis, comme je suis un gentil garçon, le job de rêve me tombe du ciel. Coup de fil mercredi matin :

- Monsieur Gauthier ? Bonjour, je suis l’Enseigne de Vaisseau Biiiiiiip, un poste se libère dans la Marine Nationale, êtes-vous toujours en recherche d’emploi ?
- Oui bien sûr, de quoi s’agit-il ?
- Officier de renseignement embarqué sur un bâtiment qui va faire une tournée en Asie du Sud Est tout l’hiver, pour un départ le 20 novembre, ça vous intéresse ?
- …
- Monsieur Gauthier ?
- … euh… je signe où ????????


Et voilà comment en deux minutes cette adorable fille venait de me proposer le boulot de mes rêves. Bon je suis peut-être con, mais c’est vrai que quand j’ai envoyé mon CV à la Marine Nationale, je n’avais pas du tout envisagé que je pouvais me retrouver sur un bateau plusieurs mois d’affilés… Mais bon, une fois passé la surprise et l’enchaînement de questions à la vitesse de la lumière « mais je peux pas partir comme ça, je peux pas vivre en communauté fermée avec pleins de mâles hétéros à tendance homophobe, je ne peux pas laisser mes amis et ma famille, putain j’ai trop envie de partir !!!!!!!!! », il m’a semblé complètement naturel d’y croire. Et d’y croire à fond (limite si j’ai pas fait mes bagages le jour même).

J’ai donc rencontré cette gentille dame le vendredi, on a discuté une bonne heure, elle m’a dit que j’avais un très bon dossier (en même temps je la défie de trouver quelqu’un de plus à même que moi pour faire ce job !). En plus j’avais l’appui de mes anciens chefs, et d’un ancien prof qui connaît personnellement le Commandant du bâtiment (il s’est quand même rendu chez lui avec mon CV pour plaider ma cause, si c’est pas adorable ça !).

Bref tout semblait en bonne voie. Et moi je me voyais déjà passer les fêtes de fin d’année sur un bateau dans l’Océan Indien…

10h21, lundi 13 novembre 2006, le téléphone sonne :

- Bonjour Monsieur Gauthier, c’est l’Enseigne de Vaisseau biiiiiiiip, j’ai une mauvaise nouvelle, le poste a été annulé. Les délais sont trop courts, et après une modification de l’organisation à bord ils n’ont pas besoin d’une personne supplémentaire. Je suis sincèrement désolée…
- …
- Monsieur Gauthier ?
- … je suis terriblement déçu, mais c’est gentil de m’avoir appeler aussi vite.
- C’est normal, mais ce n’est pas votre faute, hein ! Vous allez trouver quelque chose j’en suis sûr…


Bon j’ai dû avoir une voix super déprimée parce qu’elle m’a vraiment pris en pitié. En même temps j’ai vraiment faillit pleurer… C’était le job de rêve, tellement de rêve que je ne l’avais même pas envisagé. On me le fait miroiter, et on me l’enlève. Je le vis pas super bien…

Mais bon, je suis quelqu’un qui ne se laisse pas abattre (enfin pas trop, enfin tant qu’il y a de la vodka quoi…), et j’ai envoyé 7 CV dans la demi heure qui a suivit (si c’est pas de la positive attitude ça !).

Voilà, maintenant je vais aller faire mes courses, et puis je vais passer l’après-midi à postuler partout. Et puis quand ma banquière m’appellera pour me dire que je ne peux plus me servir de mes CB, je lui répondrais de porter plainte auprès de la Marine Nationale !

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