mercredi 19 mai 2010

Egypte 4

Mardi 4 mai

Réveil à 6h, ouch, ça fait pas du bien ça quand on est en vacances, qu’à cela ne tienne, le programme de la journée est plus qu’alléchant !

On a passé la nuit à Assouan, dernière ville de l’Egypte proprement dite, ville du barrage, là où finit le Nil et où commence le Lac Nasser. On monte sur des barques légères à moteur pour faire le tour de la réserve naturelle jusqu’à la première cataracte (série de rapides qui rendent la navigation sur le fleuve très difficile, et même impossible pour les gros bateaux).

Le Nil compte 6 cataractes, mais une seule est en Egypte, les autres sont au Soudan.



A 7h du matin, il fait déjà chaud, et le soleil commence à griller mes chairs déjà bien fushia depuis dimanche. Après 20 minutes de navigation entre les îlots, on arrive à un embarcadère qui semble perdu au milieu du désert. La ville n’est pas loin, mais le dépaysement est tel que j’ai l’impression d’avoir faire un trecking de trois semaines au fin fond de l’Afrique.

C’est le moment « soit un touriste jusqu’au bout des ongles », je monte sur un dromadaire ! Ça peut paraître ridicule, mais j’avais très envie de le faire. Bon alors un européen sur un dromadaire, sachez-le, c’est pas étudié pour. On est ridicule, il n’y a pas d’autre mot. Il faut bien se tenir, le chamelier me dit de me pencher en avant, et en arrière le temps que ma monture se stabilise à ce qui me semble être 30 mètres du sol.

Mon chamelier est sympathique, jeune, il parle français et est craquant (ce qui ne gâche rien). Il me prend en photo, me demande où est ma femme, et si je trouve que le chameau est bien gentil. Une fois les banalités passées, on attaque le gros morceau, rester sur le dromadaire pendant qu’il avance. Ben là aussi, c’est pas inné !

Au final, je m’en suis plutôt très bien sorti (comprenez que je ne me suis pas vautré), la balade a duré moins de 30 minutes, ce qui peut paraître frustrant, mais en fait ça suffit, j’ai eu mal aux cuisses une bonne partie de la matinée. Et puis voir un petit bout de désert comme ça, ça vaut le détour. Je me suis rempli les yeux, je suis content.

Retour au bateau, et direction le village nubien plus en amont du fleuve. Je m’attendais à voir un village en carton-pâte, genre de reconstitution d’un mode de vie perdu. Et ben non, dans le village nubien, il y avait… les nubiens !

C’est magnifique, des petites maisons très colorées (bleu, blanc, vert, ocre…), et des gens très souriants et accueillant. On est invité à boire le thé à la menthe chez l’habitant, on goûte le pain du soleil (pain cuit toute une journée au soleil, mis au four juste trois minutes pour terminer la cuisson), la mélasse, le fromage et le nougat au sésame local. Tout n’est pas délicieux, mais une fois encore c’est dépaysant.

Les filles se font faire des tatouages en henné, avec mon père on file faire le tour du village. Des échoppes un peu partout avec des nubiens qui nous vantent leurs produits. Ici on vend du coton égyptien bien sûr, mais surtout des épices et des bijoux nubiens. Un commerçant m’a fait sentir ses épices, c’est une vraie invitation au voyage. Malheureusement je n’avais pas prévu de faire des achats et donc je n’avais rien sur moi, et je le regrette bien…

J’ai quand même pris un fou rire quand j’ai vu sur la devanture d’une échoppe « Carrefour » écrit en énorme. A ça il faut rajouter les slogans quand ils comprennent que nous sommes français « ici, c’est leader price » et le must du must « Mammouth écrase les prix ! ».

Ça faisait longtemps qu’on avait pas entendu parler du Mammouth hein ?

Deuxième fou rire quand un jeune me demande si je veux faire un tour sur son dromadaire, je lui dis que je viens juste d’en faire, et là, sans se démonter, il me répond « oui mais moi c’est un automatique ! ».

Bref, le nubien a de l’humour, et c’est pas pour me déplaire. Par contre ce qui commence à me chauffer c’est le soleil. Il est 10h du matin, et je crame littéralement. On remonte sur le bateau et on file vers le jardin botanique. Jardin qui n’a pour intérêt que d’être rempli d’arbres immenses venant du monde entier et procurant une ombre fraîche orgasmique !

A noter dans le jardin la présence de nombreux chats absolument pas farouche. Le chat typique d’Egypte, fin et gracieux, qui se frotte entre vos jambes au détour d’un arbuste aux fleurs démesurées et au parfum envoûtant.

Retour au gros bateau de croisière pour le déjeuner. Je dors une demi-heure. 13h30 on est dans le bus pour un programme exceptionnel. Premier arrêt à l’obélisque inachevé d’Assouan. Toute la pierre pour la construction des monuments en Égypte vient d’Assouan (et certaines de carrières situées encore plus au sud). Et dans une de ces carrières antique, un obélisque n’a jamais été détaché de la montagne.

Les anciens l’ont cassé pendant le travail et l’ont donc abandonné. Notre guide nous informe que tout ce qui est inachevé est une mine d’or pour les archéologues, vu qu’on peut apprendre comment ils faisaient. L’obélisque est dans une carrière écrasée de chaleur.

Je pense ne jamais avoir eu aussi chaud de ma vie. L’air que j’expire est plus frais que l’air ambiant, je le sens quand il passe mes lèvres, il les rafraîchit. La sensation est extrêmement bizarre, un peu comme dans un sauna dont on ne peut sortir au final ! J’ai la tête qui tourne, et je sens que je peux rapidement m’effondrer si je ne me mets pas à l’ombre.

Mais on a que 30 minutes pour visiter le site. Alors l’écoute attentivement les explications du guide quant à l’extraction de cet obélisque qui aurait fait plus de 40 mètres de haut et aurait donc été le plus grand jamais érigé. Son poids aurait atteint plus de 1200t. Colossal !

Je fais vite fait le tour du site en prenant tout un tas de photos en mode japonais (c’est à dir que je regarderai ce que je visite quand je verrai les photos) et je file à toute vitesse me mettre à l’ombre. Le problème c’est qu’à l’ombre, il y a les marchands.

Je me fais harceler 10 bonnes minutes alors que je tente de stopper l’ébullition dans mon cerveau, puis je craque, j’entre dans une échoppe. Là j’achète pour 15 euros de tissus (écharpe et chemise), juste pour que le mec arrête de me faire chier.

J’aurais acheté la boutique tellement j’étais décomposé de toute façon. Le massacre s’arrête quand mon père me récupère et me traîne de force dans le bus en me disant que je suis trop con de me faire avoir comme ça…

Je me dis que ça fera des heureux à Paris !

On enchaîne de suite sur la visite du temple de Philae. Construction de l’aire Ptolémaïque, commencé au IIIème siècle av JC et fini vers 50 av JC par le père de Cléopâtre, Ptolémée XII. Ce temple est un des rares à ne pas suivre le plan figé de tous les temples égyptiens qui veut que toutes les salles soient alignées selon l’axe central.



Cette exception tient du fait que le bâtisseur du dernier pylône a voulu conserver la porte datant de l’époque égyptienne qui n’était pas dans l’axe du temple.

Ce temple comporte une autre particularité, il a été sauvé des eaux. Noyé par la construction du premier barrage d’Assouan en 1902, il a été entièrement démonté et reconstruit sur une île toute proche de celle d’origine par une équipe d’archéologues italiens qui a profité du sauvetage des sites nubiens lors de la construction du second barrage. Les travaux commencés en 1972 s’achèvent en 1980 pour un coût total de 15 millions de dollars de l’époque. Mais sincèrement, qui osera dire que ça n’en valait pas le coup ?

L’île sur laquelle le temple est reconstruit a été entièrement arasée pour reproduire à la perfection l’île originelle. Ainsi les autres bâtiments (14 au total en comptant le temple principal), retrouve la configuration qu’ils ont toujours connue.

Le temple est dédié à la déesse Isis, et est un des plus importants de l’Antiquité de par sa taille bien sûr, mais aussi de par les terres immenses qui lui sont allouées et qui font la richesse de son clergé. Tant et si bien qu’il sera le dernier temple païen à fermer ses portes dans l’Empire romain devenu chrétien au IVème siècle. Alors que Théodose impose la fermeture des temples païens en 380 celui-là perdurera jusqu’en 541 ou 544 (je suis pas sûr de la date, je ne retrouve plus mes notes).

Du fait de l’engloutissement, les couleurs ont toutes disparu. De plus il a été transformé en église, donc plusieurs modifications on été apportées (des croix de malte sont gravées sur les piliers).

Des inscriptions sont visibles un peu partout et dans toutes les langues : grec, arabe, et même français avec une dédicace de l’armée de Napoléon qui a pourchassé les Mamelouks jusque dans cette région reculée.

A l’entrée du temple on note la présence d’un kiosque offert par l’empereur Trajan au IIème siècle, les chapiteaux de ses colonnes sont les plus beaux de toutes l’Egypte.

La visite s’achève et on part faire un arrêt dans une parfumerie. Alors ça peut paraître insignifiant, mais il ne faut pas oublier que la ville d’Assouan est réputée pour ses essences naturelles. Que ce soit pour se parfumer, parfumer la maison et le linge ou se soigner. Le vendeur nous explique les différences entre les 127 essences présentes. Il nous fait sentir les plus remarquables, et nous demande si ça ne nous fait penser à rien. Effectivement là on reconnaît Chanel n°5, ici Angel, là encore J’Adore de Dior.

En fait, les grands parfumeurs se servent d’essences connues ici depuis des lustres pour élaborer nos parfums occidentaux.

L’avantage d’une huile essentielle, c’est qu’elle est pure et peut s’accommoder de toutes sortes. Personnellement j’ai opté pour un assortiment de deux compositions qui servent à parfumer, une à soigner et la dernière pour la frime, il s’agit de l’huile de Lotus, le parfum des pharaons.

Ça sent divinement bon, j’en ai mis un peu le soir, et j’ai gardé un sentiment d’évasion toute la soirée.

Retour au bateau, dîné, et glandage sur le pont. La journée aurait pu s’arrêter là, mais c’est sans compté le pouvoir de la fleur de Lotus. Depuis que je suis là, le personnel est toujours au petit soin, et pas qu’avec moi, c’est tout le monde pareil.

Mais un des membres de l’équipe sort particulièrement du lot. Alors que tous les autres me saluent simplement quand je les croise, lui vient me saluer dès que je suis seul. Au début je n’ai pas fait attention, mais au bout de trois jours, j’ai commencé à me dire qu’il avait peut-être envie de causer.

Alors que je suis dans le jacuzzi, il vient derrière moi et me demande si on peut parler en anglais, alors qu’il commence à me dire que je suis très « modern » (comprenez tatoué et percé), quelqu’un s’installe dans le jacuzzi avec moi, il s’arrête net et me salue.

Tous les soirs avant de dormir, je me mets sur le pont pour écrire le compte-rendu de la journée, afin de ne rien oublier, alors que je suis en train d’essayer de me souvenir du poids de l’obélisque inachevé, il surgit de la nuit et reprend la discussion là où on l’a laissé 3h plus tôt comme si de rien n’était.

Je le trouve de plus en plus bizarre, mais bon il est gentil. Il me demande qui est le vieux monsieur toujours avec moi, je lui dis que c’est mon papa, puis il enchaîne sur si j’ai une femme ou une copine. Je fais mon plus beau sourire comprenant enfin ce qu’il me veut, et je le laisse méchamment patauger.

Je ne vais pas lui dire comme ça que je suis gay, je me délecte à le regarder tourner autour du pot. C’est méchant, parce qu’il est vraiment gêné, mais bon je suis en vacances, donc je ne fais rien…

Finalement il pose sa question, je lui dis la vérité. Et là il se lâche. Il m’explique que les filles ici c’est toutes des putes (je résume, mais en gros) qu’elles ne veulent que de l’argent. Les mecs locaux aussi, c’est facile de coucher, même dans le sud traditionaliste, avec de jeunes et jolis garçons, à condition d’être « généreux ». Mais lui il veut tomber amoureux, même si ça ne dure qu’une heure, alors il se tape des étrangers.

Bon c’était dit de façon beaucoup plus mignonne et poétique, mais je résume.

Il finit par me demander si j’ai déjà essayé les égyptiens, si j’aime les égyptiens, blablabla… Au final, il m’avoue que depuis l’instant où j’ai posé le pied sur le bateau, il brûle d’envie de venir me parler parce qu’il savait que j’aimais les garçons, mais que mon père est toujours collé à moi et que c’est très difficile de m’approcher.

Alors il m’a proposé de saouler mon père ou d’attendre qu’il dorme, ou qu’il aille se balader seul pour se câliner tranquillement. Parce que je suis « so cute ».

^^

C’est’y pas adorable ?

Bon, le hic c’est qu’il me plait pas, mais merde, je suis sur un bateau dans un pays qui n’est pas connu pour son hospitalité envers les gay, toute graisse dehors avec ma couleur fushia, et je chope quand même ?

Il est soit désespéré, soit les huiles essentiels ça marche vraiment !

Demain j’essaie celle qui rend les hommes amoureux, j’ai pas osé ce soir, mais je me dis que c’est peut-être pas utile au final…

6 commentaires:

Tambour Major a dit…

Waaah, comme tu racontes trop bien... Merci pour ce récit de voyage où se mêlent couleurs et parfums sous un soleil de plomb.

Et sinon, il s'est passé quoi avec ton matelot ? Hein ? Allez, la suite, la suite !

Anonyme a dit…

En fait même pas sur que ce type soit gay..les Egyptiens sont tellement frustrés sexuellement... Pour coucher avec une fille, il faut l 'épouser, pour l'épouser il faut avoir de l'argent. Les seules filles qu' ils peuvent un tant soit peu espérer approcher ce sont les touristes..Mais dans les faits ils ont davantage leurs chances auprès des gays..
Perso j'ai détesté mon voyage en Egypte: c est le seul pays que je connais où on a l impression soit d être un portefeuille géant et où on évite de s approcher des boutiques de peur de se faire souler voire agresser par les vendeurs, soit d' être un vagin sur pattes. Sérieusement ils sont tellement frustrés à tout niveau que mon voyage a été très très pénible malgré l immense intérêt touristique de ce pays.

Waquete a dit…

J'attends bien évidemment la suite de la visite avec impatience.

Et j'attends aussi le nouvel épisode de Love Boat!

LaSaleMome a dit…

mouhahaha LOVE BOAT !!
C'est énorme !!!

fiuuu a dit…

hummmmmmm quel recit !!!! les details historuiques sont geant grand prof !!!
hate de lire la suite du love boat

nigloo a dit…

le sexe avec les égyptiens, c'était sur le nil dans une chaloupe la nuit,dans les cimetières, ou à une demi heure en taxi dans la banlieue du Caire, avec la trouille de se retrouver seul au milieu des détritus de la place, le taxi envolé, la "chose" étant terminée...Toute une aventure insousciente
Je rajoute, y'en a même qui nous emmenaient chez eux au Caire!!