Hyper-activité encore et toujours

Ce n’est pas la première fois dans ma vie que je passe plusieurs mois au chômage. En fait c’est la deuxième fois. Là ça a duré un an tout rond. J’ai quitté mon dernier poste officiellement le lundi 23 mars 2008 et j’ai signé mon contrat vendredi dernier, le 20 mars et suis rentré dans les murs « officiellement » ce lundi (donc le 23 mars). J’ai pas fait exprès, mais rien que pour le symbole c’est super non ?

Bref je suis débordé depuis une semaine par ce nouveau taff, il faut que je vous en dise un peu plus quand même...

Je ne vous ai pas dit ce que je faisais parce que je pensais que c’était pas « racontable » ici. Entendez que je me voyais pas entre deux articles où je parle de sodomie et de cocaïne en faire un sur mon boulot du moment.

Et puis je me suis dit « après tout, qu’est ce que j’en ai à foutre ? »

Alors je me lance, et je vous lâche le morceau, attention c’est drôle hein !

Je suis prof !

…

Triste pays que celui où je suis en charge des prochaines générations !

Là, vous vous dites « mais comment que ça se fait qu’il enseigne ? » Et vous avez tout à fait raison.

Il faut savoir que j’ai fait des études (si si si si, et j’ai même eu les diplômes et tout et tout), et je peux donc enseigner en collège et lycée comme vacataire ou contractuel. Ça c’est la théorie, dans la pratique j’étais persuadé que jamais au grand jamais aucun rectorat ne ferait appel à mes services. Persuadé que j’étais du surplus de prof qu’il pouvait y avoir en RP…

Que j’ai eu tort…

Donc il y a 3 semaines, sur un coup de tête, je décide de me connecter sur le site de recrutement du rectorat. Pour ma défense, j’étais encore sous les effets de ce que j’avais pris la veille.

Je m’inscris donc, et j’oublie presque aussi tôt…

Petit déroulement de la semaine dernière : mardi le rectorat me propose un rdv le mercredi, le mercredi on me déclare « apte », le jeudi on me propose un poste, le vendredi je signe le contrat, lundi je suis devant les élèves…

En fait ça c’est passé tellement vite que j’ai pas eu le temps de réaliser ! (ce qui n’est pas plus mal dans le fond !)

En fait je n’ai pas fait exprès, pas le moins du monde. Je suis quand même conscient qu’il va falloir taffer. Pas que j’ai besoin de réviser (quoique y a des zones d’ombres quand même qui se sont développées depuis la fac), en fait j’ai surtout besoin d’apprendre comment on donne un cours.

Oui parce qu’à part les exposés que j’ai pu faire pendant ma scolarité (qui étaient tous excellents, vu que j’étais un bon élève, non mais), je n’ai jamais fait cours à qui que ce soit. Et ça s’improvise pas, c’est un métier tout de même !

J’ai donc passé le week-end pendu au tel avec mes amis profs ou pas à demander des conseils. Tout y est passé, mais le « comment je gère la classe qui fout le bordel » sera LE sujet de conversation qui reviendra le plus.

Tout le monde y va de son conseil tiré de son expérience ou de ce qu’il imagine, et moi je me remplis la tête avec des histoires de cahiers de liaisons et tout et tout. Pour m’aider, France 4 diffuse jeudi soir « Esprits rebelles » et Arte « La journée de la jupe » le lendemain. Au cas où vous sortiriez juste du coma, sachez que ces deux films ont pour sujet des élèves difficiles qui traumatisent un prof (en gros).

Et moi pendant que je prépare mes cours je regarde ces conneries. Ce qui ne fait qu’augmenter mon angoisse.

Je suis parfaitement conscient le week-end dernier que les élèves ne vont pas me manger. Mais quand même ça a de quoi foutre la pétoche, non ?

Bref, j’ai préparé mes cours sans savoir si j’avais de la matière pour une heure ou trois semaine, sans savoir non plus s’ils me comprendraient avec tous mes mots compliqués ou si je passerai pour un débile à vouloir trop simplifier !

La masse de travail est relativement impressionnante vu que je n’ai que deux jours pour préparer de quoi occuper 6 classes de trois niveaux différents (ben oui tant qu’à faire on charge la mule, enfin le remplaçant !)

Et après ma semaine, je dois dire que je m’en suis pas trop mal sorti. Sur mes 6 classes, j’en ai eu deux qui posent des problèmes. Genre j’ai aucune autorité sur les gosses quoi. Mais avec les autres j’ai pu bosser à peu prés correctement.

De toute façon, les gamins de maintenant sont un peu plus turbulents que moi au même âge (ça fait rire mes collègues quand je dis « turbulents », ils me regardent avec l’œil humide en se disant « c’est beau la bleusaille, la semaine prochaine il dira plus ça ! »).

Bref, mon contrat se termine demain. Je ne sais pas si je continue dans le même établissement, vu que la personne que je remplace n’a toujours pas donné signe de vie. Ils m’ont assurés aujourd’hui de me faire une bonne pub parce que j’avais quand même été relativement excellent (et c’est pas moi qui le dit).

Même si je peux pas y retourner, je sais que vu le nombre affolant de prof absents, je peux espérer travailler jusqu’à la fin de l’année sans trop de souci.

Bon, je suis pas payé pendant les vacances, mais c’est pas trop grave. Non parce qu’avec les heures sup, là pour une semaine, je touche 700 euros net !

C’est ti pas du bonheur ? Deux semaines taffées par mois me suffisent pour payer mon loyer et mes factures !

Par contre, même si je me suis relativement éclaté, je sais que je ne suis pas fait pour être prof. Faire ça toute ma vie je veux dire, c’est tout simplement inenvisageable. Non moi je peux pas faire le garde-chouirmes qui hurle et distribue des punitions pour faire cours, non, c’est pas pour moi. Mais de dieu que c’est formateur.

Formateur, enrichissant (je parle pas de l’argent mais du reste), et ça me fera une ligne de plus dans mon CV de plus en plus atypique !

Allez, je dois finir de préparer mes cours pour demain, je dois corriger un paquet de copies aussi, et après je vais dormir tôt pour affronter ma dernière journée sans être trop crevé !

Youpi !!!!!

J’ai pas vu la queue d’un verre de vodka depuis plus d’une semaine, j’ai pas vu le cul d’un mec depuis 10 jours, mais à part ça, bosser c’est chouette ! (diurne, mais chouette !)