vendredi 4 avril 2008

Je me fais vomir

5h18, je viens de parler à Baby Boy sur msn. Il me manque bien sûr, mais là n’est pas le sujet. Notre histoire si belle, si compliqué fut elle, est finie et je le sais. Mais je vais pas bien ces jours-ci. Pas mal de soucis en plus de ma recherche de job qui ne donne rien. Je ne veux pas en parler, pas en ce moment, parce que rien que d’écrire un article dessus me ferait encore plus de mal que de bien.

J’ai pris un lexo vers 2h, puis des anti douleurs, puis encore des anti douleurs parce que je voulais juste planer en allant me coucher pour ne plus penser à rien. Puis un mec est venu pour que je le saute. Ça s’est très mal passé, mais vraiment. Je vous en parlerais peut-être plus tard quand j’aurais digéré l’info. J’ai l’impression de m’être fait violer. Dans mon appartement, dans mon lit, un viol oui c’était ça !

Je finirais égorgé dans ma baignoire un jour, je sais que je finirais par ouvrir la porte à un psychopathe, juste parce que je voulais ne pas être seul. Me sentir désiré pendant quelques futiles minutes.

J’ai repris un lexo, pour oublier, mais malheureusement le lexo ça ne fait rien oublier, non ça endort juste ma main et mon esprit, me rend encore plus vulnérable. Je ne veux pas être seul ce soir, je ne veux pas dormir seul, alors j’ouvre une page blanche et j’écris. Ça n’a ni queue ni tête, mais il faut que ça sorte, que je noircisse une page pour ne pas ouvrir la fenêtre et sauter.

Du pathos à en vomir. Voilà ce que je suis capable de faire. Mettre mon cerveau en off et m’abandonner. Ce soir j’ai fait le mauvais choix. Ça aurait pu être pire, mais ça ne m’a fait que du mal, encore plus de mal, plus que je ne peux en supporter en ce moment.

J’ai essayé de me souvenir pourquoi je faisais ça. Pourquoi je reviens toujours au même point. Pourquoi je fais monter des inconnus chez moi pour m’envoyer en l’air. Pourquoi je ne rappelle jamais les gentils garçons que je croise en soirée ou ailleurs. Pourquoi je ne m’accroche qu’à du cul sans lendemain. Du cul sale, de la saleté.

Et j’ai repensé à cet article que j’ai écrit un soir où j’étais dans le même état. Un soir ou je me donnais envie de vomir, un soir où j’aurais pu décider de tout arrêter, mais où j’ai préféré en rire. Un soir où je me suis posé la question « je change de vie, ou j’arrête de vivre ? ni l’un ni l’autre, je tourne ma vie en dérision et j’avance ! », c’était le 18 janvier 2006 !

Ce soir, je me pose la même question, mais je ne trouve pas de réponse satisfaisante. Envie d’en finir, oui, mais finir quoi ? Ma vie, hors de question… Ma vie telle qu’elle est ? Impossible, je ne peux ni ne veux changer quoique ce soit.

La seule réponse que j’ai c’est que j’ai envie que tu me changes. Que tu m’acceptes tel que je suis, mais que tu me ramènes vers la lumière, doucement mais sûrement. Mais qui est ce « tu » ? Ma famille ? Mes amis ? Mes plans culs ?

Personne…

Je suis le seul fautif, je suis donc le seul qui peut mettre un terme à tout ça. Je ne mérite pas de finir égorger dans ma baignoire, je ne mérite pas de finir en overdose dans mon vomi, je ne mérite pas de finir HIV positif… Non, mais je n’ai jamais autant senti que c’était possible que ce soir.

Un électrochoc ? Je ne sais pas… Le dernier c’était parce que j’avais laissé la moitié de mon visage sur mon volant. Les chirurgiens m’ont réparé, mais qui a réparé l’intérieur ? Personne, je garde mes failles, mes doutes, mes falaises… Je vais finir par y tomber. Au fond, il n’y aura que ce reflet de moi qui me donne envie de vomir et rien d’autre. Personne ne sera là pour passer l’éternité à vomir avec moi sur ce reflet. Personne ne m’attendra en haut, personne ne lancera de corde. Corde que je ne saurais voir de toute façon. Corde que je ne saurais attraper, bien trop occuper à vomir, vomir tout ce que je suis, vomir tout ce que le monde me renvoit, vomir tout ce que j’aurais dû être, vomir ce que je ne serais jamais, vomir pour me vider et disparaître…





L'article de ce fameux 18 janvier 2006 pour comprendre:

La saleté :

Minuit : bilan de la journée, levé à 14h, je traîne toute l’après midi en sous-vêtements, nourriture : nicotine et caféine. Je réponds à mes mails. Je passe sur les chats, je vérifie le blog. Je pars manger à l’extérieur. Des gens me regardent dans le métro, d’autres m’ignorent. Tout est normal, Paris est pleine de gens seuls qui ne communiquent qu’à travers des regards dans le métro. Merveilleuse avancée technologique que le portable, on peut parler, mais pas directement, pas avec les gens que l’on croise, uniquement avec ceux de notre cercle. Ces gens-là, assis en face de moi, ce sont les « autres », je ne les regarde que pour avoir matière à analyser, ou critiquer, ou montrer mon indignation. Ils sentent mauvais, ils ne sont pas beaux. Les « autres » c’est la saleté.

Cette saleté me poursuit, s’insinue partout en moi. Elle me dérange. Je dois encore mettre ma main sous mon nez pour respirer du parfum. Je dois détourner le regard, la saleté est visuelle : les SDF, les pauvres, les cons, tout sent mauvais, tout est saleté.

Je passe la soirée sur le net, je ne parle qu’aux gens qui m’intéressent, les gens beaux, les gens que je connais déjà, mes amis. Je zappe les autres, toujours ces autres, ils sont partout, la saleté est chez moi. Je me sens agressé, j’ai la nausée. Comment puis-je retrouver le sourire ? Comment pourrais-je avoir envie d’aller vers les autres ? C’est impossible. Je dois conserver ce que je suis, ceux que j’aime, je dois me protéger.

Je me sens seul. Personne ne me regarde chez moi, personne ne me parle, personne ne respire mon air, je me protège trop ? Non si j’ouvre la porte les autres vont entrer, et je serais sali.

Un homme veut venir se faire baiser. Encore un, c’est le quatrième ce soir qui me le propose. J’accepte, j’ai besoin d’un miroir dans lequel me trouver beau, me trouver important, même si ça ne dure qu’une heure. Je prends une douche, je dois me débarrasser de la saleté, des odeurs, des sensations, je dois être neuf, presque vierge, pour supporter que quelqu’un me touche, me sente, me baise… Je frotte, je commence déjà à me transformer, je le sens. Je suis beau, je suis désirable, je suis cet homme à qui j’aimerais tant faire l’amour, à qui j’aimerais tant donner, sans rien attendre en retour. Comment pourrait-il résister ? J’ai besoin d’être sûr qu’il soit séduit au premier regard, qu’il me déshabille avec ses yeux, qu’il me regarde avec ses mains.

La sonnette retentie, avant d’ouvrir la porte je regarde une dernière fois ce visage dans le miroir, j’aime ce reflet. Je mouille mes lèvres quand j’ouvre la porte. Mon cœur s’emballe quand je pose mes yeux sur lui. Il entre en me souriant, il me regarde, il a une lueur dans les yeux. Mais il ne me voit pas, il ne voit que cet homme que j’offre à tous ces amants de passage. Je suis devenu celui que j’aspire à rencontrer, celui que je ne suis pas. Il flatte un étranger, il lui dit les choses qu’il a besoin d’entendre pour se laisser aller. Je deviens complètement l’autre, je sais qu’il est à moi, je l’ai séduit, je le tiens. On s’étend, on se caresse. Nos transpirations se mélangent, nos râles se synchronisent. L’odeur de sa peau, l’odeur de son sexe, l’odeur de son excitation, l’odeur de son plaisir, tout m’envahit et me transporte. Je lui donne tout, je viens en lui, le voile se déchire et je retombe.

Je me retire, fébrile, et tel un puceau découvrant l’orgasme je m’effondre sur le lit, je ne le regarde pas, il me parle encore, il me flatte toujours. Je ne suis plus là, je ne veux plus être là. Je touche mon ventre, mon torse, mon sexe, tout est moite, tout est sali. La saleté, elle est encore là, elle vient de moi, elle vient de lui, elle vient de nous. Je ne la subis pas, je l’ai désiré, je la chéris. Pour la première fois de la journée je ressens et j’exalte, bref je vis.

Qui sont les autres ? Cet homme dans le métro qui me sourit, cette femme qui rajuste le blouson de son bambin dans la rue, ce SDF qui parle tout seul avec sa bouteille de vin à la main, cet homme que j’invite chez moi à 2h du matin, ce reflet dans le miroir de ma salle de bain ? La saleté c’est les autres, oui, mais c’est moi aussi, elle m’empêche de m’ouvrir, mais j’en ai besoin pour me sentir vivant. Je dois devenir ces « autres » pour la supporter.

La vie n’est-elle qu’un cercle où je suis en train de me perdre ?



10 commentaires:

Anonyme a dit…

Petit message aux lecteurs de la part de Gauthier : non, il ne s'est pas jeté par la fenêtre.

Petit message à Gauthier de la part de moi : c'est quand même malheureux, c'est lorsque tu es le plus mal que tu écris tes plus beaux textes. Ou alors c'est parce qu'ils me parlent plus? :)

Anonyme a dit…

à Emma, parce que les plus belles histoires sont tristes, et que sans la souffrance et la douleur on n'apprécierait pas autant la vie.

à Gauthier, et soudain tu apparais tellement plus proche de ces "autres " que pourtant tu détestes.

par Chevalier Romain

Anonyme a dit…

@Romain :

En même temps, les gens qu'on déteste, c'est souvent parce qu'ils nous ressemblent trop.

Polyphème a dit…

Tu devrais peut-être consulter quelqu'un.

Anonyme a dit…

Comme dit Polyphème, tu devrais peut-être consulter. Car il y a chez toi une espèce de schizophrénie assez dérangeante... parfois tu dis t'être fait "livrer un mec", et ça t'amuse, et tu l'assumes, et tu aimes ça ; et la fois d'après tu trouves ça moche, dégueulasse.
Etant adepte des plans cul, comme toi, je reconnais que parfois, ça se passe mal et ça fait chier. Ceci étant dit, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, car on ne se met pas dans ces situations par hasard... J'avoue que je le vis très bien, même si parfois un mec me traite comme une merde. Oui je suis une pute à leurs yeux, et alors ? Non je n'estime pas être vraiment plus... mais j'essaie de ne pas dramatiser.
En fait c'est compliqué. Moi aussi je dis que je vis ça bien et quand je gratte... ben c'est pas toujours simple. De mon côté, j'ai arrêté les drogues ; je picole toujours, mais l'effet est moins néfaste. Peut-être faudrait-il aussi que tu sois clean à ce niveau-là, ça t'aiderait je crois.
Voilà, au final j'ai envie de te dire que je te comprends, et que j'espère que tu iras mieux, que tu vas réussir à t'en sortir.

Anonyme a dit…

si la perfection n'est pas de ce monde, pourquoi te considères tu comme le parfait salaud , vantard! (si tu prends ce commentaire au pied de la lettre, consulte d'urgence sinon tu t'autodétruiras , d'ailleurs, non, consulte !)

Anonyme a dit…

A Chevalier Romain : "les plus belles histoire sont tristes", ça n'existe que dans l'imaginaire romantico-consumériste.
Pour côtoyer au quotidien la souffrance et la douleur, crois-moi, je n'apprécie pas plus la vie, je me dis juste qu'elle peut parfois être bien dégueulasse.

Et par rapport à Gauthier, remonte un peu le blog, tu verras qu'on partage aussi certaines cicatrices :)

Polyphème a dit…

Quand je dis que tu devrais consulter c'est simplement histoire de comprendre l'origine de ce dégoût profond que tu sembles ressentir vis-à-vis de toi et qui te pousse à aller toujours au devant du danger (drogues, alcool, plans glauques...)

En un mot: Qu'est-ce que tu te fais payer ?

Tu l'auras compris, je connais cette problématique, d'ou le mail perso que je me suis permis de t'envoyer il y a quelques jours, avant même la publication de ton billet. Quelle coïncidence !!

Anonyme a dit…

Même si je suis une fille, je me reconnais beaucoup dans ce que tu écris..et là je me dis que tu as du vivre dans ta vie beaucoup d'événements traumatiques dont nous, lecteurs, n'en avons jamais eu lecture ni ouïe...Les états seconds par les drogues, le Lexo, même si moi c'était Xanax, j'ai aussi connu, ces envies de ne pas être seul et de se donner pour des mauvaises raisons pour finalement se sentir salie...Choses que j'ai répété et répété, comme une compulsion de répétition de shémas qui me faisaient toujours de plus en plus souffrir, et me sentir au final comme un déchet à force de dire "oui" au glauque tout en pensant "non", et "non" aux bonnes choses tout en pensant "oui". Mais pourquoi toujours ces actes auto-destructeurs?

Mais à présent je sais d'où ces comportements extrêmes viennent. Il y a 10 ans, après une nuit de "fête" particulièrement glauque et sordide et pour le moins à risque, j'ai décidé d'aller consulter une psychologue car je me haissais autant que le monde qui m'entourait...et maintenant, après un long travail sur moi je vais beaucoup mieux. Vraiment beaucoup mieux...

Courage Gauthier, car tu mérite beaucoup mieux que ça :-)

Anonyme a dit…

C'est quand même intéressant de voir qu'on est quand même nombreux à vivre-avoir vécu ce que Gauthier vit...(Laura Palmer, Polyphène, moi-même etc). D'ou je pense notre intérêt pour ce blog et notre attachement à Gauthier :-)!