vendredi 6 juillet 2007

Programmé pour l’échec

Le mental ça fait tout. Tu y crois : tu gagnes, tu doute : tu perds. C’est comme ça, tous les sportifs vous le diront. Mais ça ne s’applique pas qu’au sport, ça s’applique à tout. J’ai toujours eu ce que j’ai voulu, j’ai toujours fait ce que j’ai voulu. Et je suis au RMI depuis 9 mois.

Je l’ai voulu ? Certainement pas. Au début je trouvais ça chouette. J’avais enfin des vacances, je n’en avais pas eu depuis 1998. Et je trouvais normal de passer quelques semaines à chercher un travail. Et puis il y a eu la Marine. Deux semaines après avoir rendu mon rapport de stage, et alors que je ne l’avais même pas soutenu, ils me proposent un poste d’Officier adjoint de renseignement sur un bâtiment de la marine qui allait partir 6 mois en Asie du Sud-Est. Inutile de vous dire que je ne pouvais rêver mieux. J’étais aux anges, tout allait bien.

Et puis non, j’ai eu le poste, mais il a été annulé au dernier moment (j’avais limite fait ma valise !). Et ça été le début d’un engrenage. D’abord j’ai eu des entretiens, j’arrivais toujours dans le tiercé final, mais je n’étais jamais pris.

Et puis petit à petit, le doute fait son nid « est-ce que j’ai fait les bonnes études ? » « ai-je postuler aux bons endroits ? », « suis-je fait pour travailler ? ». Et puis le grand vide, rien pendant des mois. J’ai envoyé, en moyenne, 10 candidatures par semaine. Mais aucun rendez-vous, j’ai même passé un mois et demi sans avoir de réponse.

J’ai pris sur moi, j’ai demandé de l’aide pour la rédaction de mon CV et de mes lettres de motivation. Ça a payé parce que depuis quelques semaines les gens me répondent, mais la réponse est toujours la même « malgré vos qualités… blablabla… bon courage pour votre recherche… blablabla ».

Alors j’ai abandonné, oui j’ai laissé tombé. J’ai accepté un travail alimentaire. Je commence lundi, je vais être opérateur pour une boite d’informatique. En gros je vais faire des photocopies, et je vais être payé au smic (alors qu’on m’avait promis plus, mais je dois être programmé pour me faire avoir).

Le pire c’est que je suis coincé, je ne peux pas refuser pour deux raisons évidentes : je n’ai plus de quoi vivre, et c’est la boite de mon père donc je ne peux pas le mettre dans une position délicate. Mais merde, il m’a fallu du piston pour faire un boulot de bac-2.

« Suis-je fait pour travailler ? »


Quitte à partir, autant partir en beauté. Je vous parle depuis quelques jours de l’opération « un travail pour Gauthier », en fait j’ai envoyé environ 100 lettres (CV et lettres de motivations) à tous les nouveaux élus de gauche de l’Assemblée. Sur 100 je pensais avoir au moins un ou deux rendez-vous. Mais non, rien du tout, j’ai reçu une quinzaine de réponses négatives, ça fait 15 jours maintenant, je pense que les autres ne vont plus répondre. Ou juste pour me dire non.

Mais je mens, un m’a répondu autre chose, il m’a proposé de lui rendre un travail sur un sujet bien précis. Un sujet auquel je ne connais rien. Je suis qualifié pour assister un député, mais pas tous les députés et pas dans tous les domaines. Ce qu’il m’a demandé de faire j’en suis incapable.

Je n’en ai pas dormi de la nuit, j’ai fait des recherches et aujourd’hui j’ai encore passé prés de 10h à faire des recherches et à écrire quelque chose digne d’un étudiant de première année (et encore). J’ai honte, mais je lui ai envoyé, c’était la moindre des choses.

Je me suis ridiculisé, mais j’ai fait ce qu’il fallait pour ne pas m’en vouloir, enfin pour ne pas trop m’en vouloir.

Aurai-je pu vraiment rendre quelque chose de potable ? Sûrement, mais il me manquait deux choses : le temps et la motivation. Entendons-nous bien, je vendrais tout ce que j’ai (et c’est pas grand-chose) pour faire ce métier, mais je n’y crois plus. Je ne me sens plus capable. J’ai le moral dans les chaussettes, et je suis parti en me disant « de toute façon tu es incapable de faire ça ». Alors on ne s’étonne pas du résultat. J’ai envoyé le mail à minuit passé. Chose que je ne fais jamais d’habitude. Je n’aime pas donner l’impression de vivre la nuit, mais là je voulais qu’il l’ait demain…

J’ai abandonné, j’ai laissé tombé, je suis parti perdant. Et je vais le rester un long moment. Pourtant je sais que je ne vais pas le supporter longtemps. Je ne le supporte déjà pas. Je prends minimum deux barrettes de lexo par jour pour tenir la semaine, et je bois l’équivalent de la production annuelle de la Pologne tous les week-end.

Je suis sur la pente descendante.


Comment est-ce que je pourrais donner envie à quelqu’un de me faire confiance ? Comment je pourrais donner à quelqu’un l’envie de m’engager quand moi-même je suis persuadé de ne pas être le bon.

Je suis parti perdant, et je vais tout perdre. Je ne le supporte pas, je ne le supporte plus, je ne me supporte plus. Je suis trop souvent tombé, et contrairement à l’adage, ça ne m’a pas rendu plus fort, non ça me pousse juste à une chose : m’allonger et dormir. Je ne veux plus me relever. Je n’en ai plus la force.

J’ai perdu.

12 commentaires:

MisterB a dit…

Hé ben...

Matt a dit…

Tiens moi je suis un peu dans ton cas mais là je suis au début du cycle de la loose je pense, et donc je ne pense pas dormir beaucoup cette nuit, et demain matin examens ...

Anonyme a dit…

mais non... tu as un blog reconnu, tu as des amis... le boulot c pas important.
Bon sinon pour les mails tu fais un script dans mail.app pour envoyer à 7h30 du matin, c'est ce que je fais depuis toujours.

Anonyme a dit…

Bah, faut pas être tout gris comme ça, faut pas désespérer, un job il en suffit d'un et dès fois il passe au moment ou on s'y attend le moins. Donc faut pas desespérer et garder les points serrés toujours...Et pis continuer de chercher même au milieu d'un job alimentaire... Et puis laisser un peu de vodka pour les polonais quand même, ils aiment bien ça...

Anonyme a dit…

Tu ne dois pas perdre courage. Et le fait de travailler même comme opérateur n'est pas négatif. Dans ta future recherche d'emploi, celà va prouver à tes futurs employeurs que tu ne restes pas à rien et que tu en veux. Et toute expérience est bonne , il n'y a pas que le "travail" proprement dit mais aussi, l'ouverture que celà peut t'apporter, le fait de rencontrer d'autres personnes, d'avoir à t'intégrer dans un nouveau milieu, etc. Au contraire, tout celà ne sera que positif pour toi !
Bàt

Anonyme a dit…

Olala, dépression de la morue de fond ! Et franchement, y'a pas de quoi rire. Ce qu'il faut te dire, c'est qu'on est TOUS passés par là, mais que dans ces moments-là, et malgrè le nombre, on est seul ! Y'a pas de solidarité dans la misère, c'est sordide mais c'est comme cela. Mais il n'y a pas isolement non plus : il y a les amis, les frangins, les vieux... etc.
Ceci dit, dans ce que tu décris y'a beaucoup de trucs positifs : dans ta rencontre avec le monde réel, tu n'as pas baissé les bras. Tu as utilisé ton réseau pour retrouver un premier boulot. Même si le réseau est paternel, il faut avoir aussi du cran pour dire sa souffrance à ses vieux. c'est dur, et tu l'as fait. Mieux, tu as avalé la désillusion, et tu as foncé... T'as fait un mauvais rapport, bon ben, c'est pas grave non plus, t'en feras d'autres, des bons, des très bons et aussi des mauvais. Tu n'es pas mémère Tibéri pour autant ! Y'a pas de faute dans ton blog ! Et puis il y a un truc que tu ne piges pas, mais comme toute notre génération ne l'a pas pigé : nos parents ont vécu un accident de l'histoire : au début de leur vie professionnelle, ils gagnaient générallement plus que leurs parents qui eux, étaient à la fin de la leur ! Leurs gosses ont cru que c'était pareils pour eux : en plus ils ont de meilleurs diplômes ! Et puis les choses se sont remises dans le sens d'une histoire économique classique : ils seront à l'aise probablement à la fin de leur vie professionnelle, pas au début. C'est dur, mais depuis l'invention de la monnaie, cela à toujours été comme cela ! Donc dans ta boite, tu vas faire ce que tout le monde a fait : rentrer par la petite porte, mais si tu ne t'endores pas, tu vas gravir les échelons et ç ava rouler. Tu es plein de qualités, tu écris sans faute et tu sais réfléchir. Un truc rare qui sera reconnu ! Fonce, et ça va marcher. Je suis juif, et je te garantis que j'ai été élevé à la mythique du " tu arrives petit et tu vas grandir là où tu seras, car le principal c'est d'être quelque part et de s'émanciper des cons qui nous entourent " . Quand j'ai terminé mon doctorat et que je ne trouvais rien, je ne pensais qu'à cela. Et puis les choses se sont débloquées, car je n'ai aps baissé les bras ! Allez, fait un peu de gym !
Courage à toi.
Z.

Anonyme a dit…

M'enfin petit scarabée !! Tête haute, et hop on s'y remet !! Tape toi un ou deux mecs là, ça te redonnera du coeur à l'ouvrage ! (Enfin je te conseille pas la prostitution non plus hein !! Juste te changer les idées, arf.)

jm a dit…

Vous m'excuserez messieurs, mais je ne trouve pas vos interventions vraiment utiles, excepté z. Tu as raison de te poser autant de questions Gauthier. Je ne suis pas exactement dans la même position, pas du tout même, si ce n'est que je postule pour un stage que je ne trouve pas depuis 4 semaines et que je suis en plein milieu de mes études. Je pourrais te dire : Faut pas démoraliser, ça ne servirait à rien. J'espère seulement que c'est une passage. Il faut penser à te réorienter, contacter "tous" les députés de gauche. Tu voudrais être assistant parlementaire ? Fonce, va droit au but, c'est comme un concours, y'a des bons et des moins bons. Surtout, vise les nouveaux rentrants, ils sont en grand nombre, pense donc à ceux qui cherchent à droite, ils en ont perdu 40 ! Il faut que tu ailles voir tous ceux qui n'ont pas potentiellement d'équipes en place. Je te rassure, j'ai un ami qui est assistant et il m'a dit que les équipes n'étaient pas à ce jour constituées car l'Assemblée est en travaux !
Voilà si j'ai pu t'aider à ce niveau-là. Pour le reste, je ne peux pas t'aider, tu dois te secourir par toi-même. La motivation on la gagne par les tripes, et certaines fois, on n'en a pas envie.
Je t'embrasse, et très honnêtement, j'ai confiance et espoir en toi.

Anonyme a dit…

est ce que tu as envie d'entendre (de lire)ce que de nombreux lecteurs pensent ?. Alcool plus lexomil,bah oui, ça se voit dans le regard d'un mec quand on recrute..je le fais dans mon job et malgré les profils interéssants, l'hygiène de vie du candidat se sent. C'est quelque chose du domaine du feeling, une façon d'être survolté ou calme. C'est marrant que tu ne te poses pas la question (car tu es loin d'être sot).Tu fais du jour la nuit, tu picole, super c'est bien mais il ya un temps pour tout et chercher un taf chouette c'est un autre timing.
Mais encore une fois, es tu prêt à entendre ça ou vais je me faire incendier dans le style "gardien de la morale"...?

En Pleine Poire a dit…

De manière logique, si il y a des bas , il y a des hauts.

Tu as raison de penser que c'est un engrenage baissier, mais, il s'agit d'une pichnette pour l'inverser et qu'il devienne haussier !

Tiens Bon

RV !

emma a dit…

Hum.
Tu te connais si bien, je ne peux rien te dire de plus que tout ça, si ce n'est que moi j'y crois!

Anonyme a dit…

quel mauvais trip mon chou !
1-le fait certain c'est qu'avec cette future activité tu sera de l'autre côté de la barriere et il te sera plus facile de rebondir
2- continue a chercher avec ton travail "alimentaire"
3- c'est plus facile d'évoluer quand on est déjà en poste, malheureusement
4- pourquoi ces non réponses ? trop exigeant ? secteur "bouché ? toujours est il qu'il faut peut être se remettre en cause comme tu l'a fait en acceptant ce futur taf et revoir peut être ses prétentions - envies
bises
bon courage