mardi 12 février 2008

Vivre ensemble

La politique n’est pas une science, c’est un art. Une science c’est exact, démontrable, vérifiable, ça permet de créer, de standardiser, d’expliquer. L’art est incompréhensible, il passe par le vécu, le ressenti, il est de l’ordre du malléable, il évolue, il est d’essence purement humaine.

La politique est à l’homme ce que la science est à la nature, une expression de sa nature. De sa volonté de vivre en groupe l’homme réfléchira à comment et non à pourquoi. J’aimerais mettre en garde ici contre celles et ceux qui veulent résumer la politique à une science. Tout n’est pas mesurable, tout n’est pas quantifiable. On n’est pas un homme politique parce qu’on a fait l’ENA ou parce qu’un Président de la République vous adoube. On est un homme politique parce qu’on croit en l’homme et parce qu’on veut le meilleur pour lui.

Plus que croire en l’homme, il faut le comprendre. Et cette compréhension ira au-delà de ce que le commun des mortels est capable de faire. Tout le monde ne peut pas gouverner. Décider pour les autres est certainement l’exercice le plus difficile qui soit. Une charge politique doit être vécue comme un fardeau dans le sens mystique du terme. On sert sans jamais se servir.

Où sont les penseurs ? Où sont nos philosophes ? Où sont nos visionnaires ? Comment en moins d’un siècle, en seulement 2 générations on a pu basculer dans l’horreur de la real politic. Que reste-t-il de Sartre, Foucault, Beauvoir, Veil, Badinter, de ces penseurs, de ces politiques qui ont eu le courage de regarder le monde tel qu’il devrait être et non pas tel qu’il est !

Je ne veux pas tomber dans le partisianisme de base. Il y a des torts à droite comme à gauche. Je ne veux pas jeter le discrédit sur la classe politique. Nous avons la chance de vivre dans une démocratie. Et aussi imparfaite soit-elle, elle fonctionne encore. Et jusqu’à preuve du contraire c’est donc le peuple qui est souverain. Il est le seul qui choisit sa destinée en désignant ses représentants. La classe politique n’est que l’image que le peuple se fait d’elle.

La République ce n’est pas un homme ou une équipe ni même une majorité, c’est le peuple. La République c’est la volonté que nous avons de vivre ensemble. Si vous cessez d’y croire, elle cesse d’exister. La fin de l’idéal républicain et démocratique c’est la fin de la liberté, de l’égalité et bien sûr de la fraternité. Ces mots ne veulent peut-être plus rien dire pour vous maintenant.

Tant de choses acquises pour lesquelles il ne nous semble plus bon de nous battre. Si vous avez le même âge que moi alors il est peut-être bon de rappeler que votre grand-mère n’avait pas le droit de vote à sa majorité, que votre grand-père s’est battu contre les SS, que votre mère n’avait pas le droit de prendre la pilule pendant son adolescence, que vous êtes né dans un monde où l’homosexualité était une maladie mentale, passible de peine d’emprisonnement au mieux, alors que vos enfants sont nés avec le pacs.

Trois générations, 60 ans, c’est rien à l’échelle de l’humanité, mais c’est presque une vie, et on peut encore faire avancer les choses, on peut encore changer le monde, il ne sera jamais figé. Quand bien même on déciderait de le figer, d’arrêter le temps, je vous renvoi à ce qu’il se passe dans des pays anachroniques tels l’Iran ou la Corée du Nord pour ne citer que ceux qui font consensus.

Bien choisir ses gouvernants c’est offrir un monde meilleur, à soit, à ses voisins et à ses enfants. Nos démocraties occidentales ne sont pas réductibles à nos frontières politiques. La France, l’Union Européenne, les Etats-Unis, et les autres grandes puissances ont vocation à influencer le monde. Je dirais même qu’elles ont le pouvoir, et donc le devoir de le façonner.

Entendons nous bien, je ne fais absolument pas l’apologie de la guerre de civilisation actuelle. J’en suis même très loin. La seule chose que j’aimerais imposer au monde, la seule chose que je pense être complètement universelle et salvatrice pour l’humanité, c’est la tolérance. Nos sociétés ont légiféré sur la tolérance, elles devraient maintenant appliquer ce qu’elles estiment comme un droit pour leurs concitoyens au reste du monde.

Êtes-vous prêt à revivre éternellement la même histoire ? Les guerres ne sont qu’un éternel recommencement, n’avons-nous rien appris tout au long de l’Histoire ? Il y a 70 ans un petit moustachu décidait de mettre en place une idéologie qui causera la mort de 6 millions d’être humains. Ils avaient le tort de ne pas être blond aux yeux bleus. Aujourd’hui, à l’heure de l’Internet et de la globalisation des hommes se font la guerre parce qu’ils ne se comprennent pas.

Religion, civilisation, culture, langue, c’est dans la diversité que nous nous construisons. La peur et l’incompréhension ne mènent qu’à l’affrontement qui se terminera au mieux par l’anéantissement de l’une des parties, au pire par l’anéantissement de tous.

Dans ma vie, j’ai assisté à beaucoup de choses devant mon poste de télévision ou en live, et autant j’ai pu voir le meilleur en chaque homme autant j’ai pu y voir le pire. J’aimerais bâtir un monde où mes enfants ne pourraient voir que le meilleur.

Parmi toutes les horreurs que j’aurais pu vous montrer pour illustrer mon propos, j’ai choisi celle-ci, parce qu’elle tient vraiment de l’erreur, elle aurait pu être évité, et on aurait pu éviter ce qui s’est passé depuis. Pour cela il aurait fallu des femmes et des hommes politiques qui comprennent le monde. La politique est un art, voilà ce que ça donne quand on en fait la science la plus froide et la plus déshumanisée qui soit :






11 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu es sexy

Vincent a dit…

Je ne pense pas que des personnages politiques/historiques qui pensent par systématisme soient des scientifiques. En un sens, c'est un art que celui de créer le monde dans lequel nous vivons actuellement, qu'il ait été changé pour plusieurs années par le 11 septembre 2001 (comme je le crois) ou pas.

Savoir exploiter le climat et les peurs nées d'un tel événement, comme c'est le cas pour les partis conservateurs de nombreux pays ces temps-ci, relève bien plus de l'art que de la science, à mon avis...

Anonyme a dit…

Ah ben ça change... j'ai adoré ce post, merci.

Anonyme a dit…

Oulala, Gauthier qui nous écrit un post plus que correct, je ne suis pas sur que ça soit un bon signe...

Anonyme a dit…

Très joli essai sur la politique et les sociétés

Polyphème a dit…

Je ne sais pas quoi en penser...

Anonyme a dit…

C'est un ami belge qui m'a fait découvrir ton texte et ton blog.
Je fais de la politique - je suis conseiller municipal PS d'opposition à Orléans - et je souscris totalement à ce que tu dis. Et tu le dis avec talent. J'adore les personnages que tu cites en particulier Veil et Badinter que j'admire. Je serai heureux d'en parler plus longuement avec toi.
Pascal
pascal-martineau@hotmail.fr

sameplayer a dit…

Un beau post, sans une faute de frappe ou d'orthographe. C'est du vrai Gauthier ça ? ;-) Non, c'est très bien.

Anonyme a dit…

ça change ;)

quelques bémols :

“ On est un homme politique parce qu’on croit en l’homme et parce qu’on veut le meilleur pour lui.”
Idéalement peut être. De grands hommes politiques, en ce sens qu'ils ont façonné leur peuple, et l'histoire, ne croyaient pas en l'homme. En vrac, des Staline, Mao, Pinochet, …

“ La France, l’Union Européenne, les Etats-Unis, et les autres grandes puissances ont vocation à influencer le monde. Je dirais même qu’elles ont le pouvoir, et donc le devoir de le façonner.”
Ouf … pas d'accord … 
Dans l'idéal, peut être. Mais n'oublions pas, jamais, que l'enfer est pavé de bonnes intentions ; que la guerre en Irak s'est bâtie sur ce principe ; que, plus proche de nous, et de manière plus anecdotique (au regard du sujet), l'Arche de Zoé, fondée sur ce principe, a été un eunorme fiasco.

Ta valeur universelle est la tolérance. La première des tolérances est justement de ne pas façonner le monde, d'accepter, et respecter, la valeur universelle de l'autre.

@sameplayer : le post est beau oui, mais il y a au moins une faute, quand même ;-)

Unknown a dit…

Je ne souhaite pas revenir sur ce que j'ai écrit. Deux choses tout de même:

1/ Quand je me relis et que je fais gaffe je fais pas (trop) de faute (j'ai des diplômes quand même)

2/ J'aime savoir que je suis lu par des gens capables de réfléchir et débattre sur des sujets qui me tiennent à coeur comme celui là, merci!

Anonyme a dit…

Bonjour... même si sur le détail, nous divergerons sans doute (mais cela est sain), sur le principe général et sur certaines de tes analyses, je suis totalement d'accord : le rôle des puissances, l'importance du vivre ensemble, l'importance de la diversité, mais aussi d'un espace public commun... Tu tentes une définition du politique... osé dans cette blogosphère où le concept est aussi rare que sont nombreuses les impressions et les "vues personnelles sur"...
Il faut toutefois se méfier des exemples et des images... au sens où il est nécessaire de faire la part entre les faits, l'analyse et, ce qui est le propre du politique (c'est mon point de vue), la décision.
En tous cas merci pour ce post solide et partisan (au bon sens du terme).
Alex